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Indre-et-Loire

Région :
Centre-Val de Loire
Département :
Indre-et-Loire

Préfets :
(11/1940 - 11/1941) Préfet d'Indre-et-Loire. Arrêté en mai 1944 par les Allemands, il est déporté au camp d'Eisenberg
R. Vivier
(1944 - 1948)
Camille Vernet
(1936 - 1940) Préfet d’Indre-et-Loire (1884-1957)
Jean Roussillon
(16/08/1940 - 31/07/1943) Préfet régional de la région d'Angers (Loire-Inférieure, Maine-et-Loire, Mayenne, Sarthe et la partie occupée de l'Indre-et-Loire) (1896-1970)
Pierre Berger
(1941 - 1942) Pierre Jean Berger, Préfet de la région de Limoges (Corrèze, Creuse et Haute-Vienne et les parties non-occupées de la Charente, du Cher, de la Dordogne, de l'Indre, de l'Indre-et-Loire et de la Vienne)
Jean Tracou
(1941 - 1944) Préfet d'Indre-et-Loire
Antoine Lemoine
(01/05/1942 - 1943) Antoine Jean Marcel Lemoine, Préfet de la région de Limoges (Corrèze, Creuse et Haute-Vienne et les parties non-occupées de la Charente, du Cher, de la Dordogne, de l'Indre, de l'Indre-et-Loire et de la Vienne)
René Rivière
(Jan. 1943 - 1943) René Édouard Rivière, Préfet de la région de Limoges (Corrèze, Creuse et Haute-Vienne et les parties non-occupées de la Charente, du Cher, de la Dordogne, de l'Indre, de l'Indre-et-Loire et de la Vienne)
Charles Donati
(01/08/1943 - 10/08/1944) Charles Guérin Joseph Louis Donati, Préfet régional de la région d'Angers (Loire-Inférieure, Maine-et-Loire, Mayence, Sarthe et la partie occupée de l'Indre-et-Loire) (né en 1891)
Michel Debré
(10/08/1944 - 01/04/1945) Michel Debré dit Jacquier, Commissaire de la république de la région d’Angers (Loire-Inférieure, Maine-et-Loire, Mayenne, Sarthe et la partie occupée de l'Indre-et-Loire) (1912-1996)
Alain Savary
(01/04/1945 - 11/05/1945) Commissaire de la république de la région d’Angers (Loire-Inférieure, Maine-et-Loire, Mayenne, Sarthe et la partie occupée de l'Indre-et-Loire) (1918-1988)
Marc Freund-Valade
(11/09/1943 - 10/05/1944) Marc Paul Freund dit Freund-Valade, Préfet de la région de Limoges (Corrèze, Creuse et Haute-Vienne et les parties non-occupées de la Charente, du Cher, de la Dordogne, de l'Indre, de l'Indre-et-Loire et de la Vienne)
André Fourcade
(10/05/1944 - 06/1944) André Fourcade dit Vergnaud, Commissaire régional de la République de la région de Limoges (Corrèze, Creuse et Haute-Vienne et les parties non-occupées de la Charente, du Cher, de la Dordogne, de l'Indre, de l'Indre-et-Loire et de la Vienne), arrêté par la Gestapo en juin 1944, fusillé à Buzet-sur-le-Tarn le 17 août 1944
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(1944 - 1944) Préfet d'Indre-et-Loire. Révoqué et emprisonné à la Libération
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(01/09/1944 ) Préfet d'Indre-et-Loire de la Libération
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(23/10/1944 - 1946) Commissaire régional de la République de la région de Limoges (Corrèze, Creuse et Haute-Vienne et les parties non-occupées de la Charente, du Cher, de la Dordogne, de l'Indre, de l'Indre-et-Loire et de la Vienne)

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Juste parmi les Nations

Élisabeth Goupille


Dossier Yad Vashem : 8823
Remise de la médaille de Juste : 28/05/2000
Sauvetage : Descartes La Haye-Descartes 37160 - Indre-et-Loire
Nom de naissance: Goupille
Nom d'épouse: Lamaignere
Date de naissance: 05/03/1924 (La Haye-Descartes)
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elisabeth-Goupille
La famille Goupille
source photo : Arch. fam.
crédit photo : D.R.
Notice

André Goupille* est né en 1897 à Saint-Denis (aujourd'hui Seine-Saint-Denis).
Il est vétérinaire et s'établit à La Haye-Descartes en 1922.

La même année, il épouse Jeanne née Ballue* le 22 mai 1896, fille de Pierre Ernest Ballue et Thérèse Pomey, peintres réputés et petite-fille de grands parents originaires d'Alsace-Lorraine.
Ils auront quatre enfants : Élisabeth*, née le 05/03/1924, Pierre*, né le 09/02/1925, Louis*, né le 10/04/1926, et Jean*, né le 06/06/1927.

Au moment de l'invasion allemande en mai 1940, André Goupille* a 43 ans.

Après avoir tenté de fuir, en se réfugiant à l'Ile d'Oléron, la famille revient s'installer à La Haye-Descartes, situé sur la ligne de démarcation.

Lors des hostilités il refusa avec sa femme Jeanne* de se soumettre à l'occupant.
Dès 1940, aidés de leur quatre enfants, Élisabeth* (16 ans), Pierre* (15 ans), Louis* (14 ans), Jean* (13 ans) et de leur employée de maison Odette Métais*, ils feront passer la ligne de démarcation à plus de 2000 juifs, résistants, pilotes, évadés.
En octobre 1940, il fait passer des soldats algériens et marocains.

A la fin de l'année 1940 la ligne est déplacée vers le nord et passe à quelques centaines de mètres de La Haye-Descartes.
Muni d'un laissez-passer qu'il avait obtenu pour exercer sa profession et aidé de sa famille et de ses proches, il assure un point de passage de prisonniers et de civils tentant de changer de zone.

"Tous ceux qui avaient un semblant de courage, ou pour qui l’appât du gain faisait surmonter la peur, guidaient ceux qui vou­laient passer en zone sud. Cette aventure présentait si peu de risques que l’on vit passer des gens pour assister à un mariage d’un parent ou même d’un ami (…). Les candidats au passage arrivaient simplement pour avoir entendu dire qu’à La Haye-Descartes [localité d’Indre et Loire] c’était facile. Parce que quel­qu’un de connaissance était passé par là et qu’un car arrivait jus­qu’à la frontière. Échouant dans les hôtels ou les cafés, ils avaient vite fait de trouver un passeur qui n’attendait que l’occasion de s’employer. Parmi les passeurs, il y avait ceux qui imposaient un tarif et qui, par exemple, ne passaient pas une lettre si elle n’était pas accom­pagnée d’un billet de 5 francs.Il y eut ceux, peu nombreux il faut le reconnaître, qui firent payer très cher à des Juifs un passage qu’ils décrivaient difficile et dangereux.
Enfin, il y eut quelques-uns qui n’acceptaient rien de ceux qu’ils avaient aidés.
"
Extrait des mémoires d’André Goupille*, Mon village sous la botte.

Durant l'été 1940, Jeanne* prend contact avec le réseau du Musée de l'homme et les Goupille assure pour ce réseau un point de passage pour le courrier, les documents et les agents de la France Libre.
Ils organisent tous les deux une forte résistance.

La ligne est d'abord surveillée par des troupes de la Wermacht, qui ne mettent pas trop de zèle.
Après la déclaration de guerre de l'URSS, ces troupes furent remplacées par des douaniers et les passages devinrent beaucoup plus difficiles et même parfois dangereux.

Les frères Vernat furent des aides efficaces. Grâce à eux et à Ludovic Tesseraud, ils réussissent à ne faire prendre personne.

Quand les passages sont devenus plus difficiles, les passeurs se sont fait plus rares alors que des gens de plus en plus nombreux avaient besoin de passer : prisonniers évadés, Juifs, communistes, jeunes cherchant à passer en Angleterre ou en Afrique du Nord.
Ils sont tous accueillis chez les Goupille dans l'attente d'un passage.
Le professeur Étienne Weill-Raynal, juif évadé de Drancy, Madame et Monsieur Schiff Wertheimer, Monsieur Ben Sussan et Marcelle Sée bénéficièrent de leur aide téméraire et gracieuse dont témoignent leurs lettres de gratitude aux Goupille.

Après la suppression de la zone libre, André Goupille* s'installe comme vétérinaire au Grand-Pressigny.

Le 20 janvier 1942, André Goupille* est arrêté par les douaniers. Les Allemands découvrent dans sa voiture des documents et une trentaine de lettres à destination de la zone libre et un carnet compromettant à leur domicile.
Il est transféré de Tours à Angers et sera libéré après 5 semaines de détention.
Jeanne* et son fils Louis* entreprennent les démarches pour la libération d'André Goupille*.
Libéré, grâce à l'intervention de Jacques Mansion, qui fait retirer les documents compromettants du dossier judiciaire, il est en zone libre dès le lendemain.

Odette Métais* et les enfants Goupille poursuivent les passages jusqu'en février 1943, date à laquelle la ligne est définitivement supprimée.

Les actions de résistance prennent alors un autre tour.
A partir de mai 1943, André Goupille* organise des équipes de parachutage.

Lucien Marchelidon vient de Montluçon. Évadé en janvier 1943 d'un train pour l'Allemagne, il est réfugié chez son oncle à Preuilly et prend alors contact avec les Goupille.
Il sera chargé de rechercher des terrains d'atterrissage avec Louis Goupille*.

En juillet 1943, un premier parachutage d'armes à lieu et dirigé vers un maquis de la région de Limoges. En septembre 1943, les armes parachutées sont envoyées vers le maquis de l'Indre.

Les réfractaires au STO affluent chez les Goupille pour trouver un abri et de faux papiers.
Les Goupilles se procurent des papiers et des tampons et trouvent des fermes de la région qui accueillent les jeunes.

Au début 1944, la situation devient encore plus difficile et les réseaux sont infiltrés.
L'abbé Henri Péan est arrêté le 13 février 1944 à la sortie de la messe à La Celle-Saint-Avant
et dans la nuit du 15 au 16 le docteur André Goupille* est arrêté par la Gestapo ainsi que Pierre*, Odette Métais*, Lucien Marchelidon et Simone Goupille, la sœur d'André Goupille*.
La Gestapo arrête au collège Louis*, Jean* et Élisabeth. Jeanne* est arrêtée une semaine après.
Les Goupille et de nombreux proches seront déportés à Neuengamme, Mathausen, Ravensbrück, Beendorf, Flossenburg et Flöa.

Aidés de Pierre Renard, Alphonse Cathelin, Mme de Poix, Henri Péan, le curé de Draché, qui ont fait partie des parachutage et Marcel Maire qui a eut l'occasion de faire partie d'un réseau de renseignements.

En janvier 1944, la Gestapo met un terme à toutes ces activités en procédant à de nombreuses arrestations dans tout le canton de La Haye-Descartes.
L'abbé Henri Péan est massacré, 39 personnes sont déportées dont seulement 17 reviendront de camps.

Par miracle, toute la famille survécut. Le docteur André Goupille* revint s’installer à la Haye-Descartes où il poursuivit ses activités professionnelles et se consacra à écrire ses mémoires ainsi que l’histoire de la région de la Haye-Descartes.

Le 28 mai 2000, Yad Vashem Institut International pour la mémoire de la Shoah a décerné à Jeanne* et André Goupille* ainsi qu’à leurs enfants Élisabeth*, Pierre*, Louis* et Jean* ainsi qu'à Odette Métais* le titre de Juste parmi les Nations.

Une rue de Descartes porte son nom.

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem



Histoire

Le courage des Justes


André Goupille* s'est installé comme vétérinaire à La Haye-Descartes en 1922. Marié, père de quatre enfants, il est surpris par l'invasion de mai 1940. Il a 43 ans. Après avoir tenté de suivre l'exode, toute la famille revient s'installer à La Haye-Descartes, un bourg situé sur la ligne de démarcation. Très vite, André Goupille* fait passer la ligne à des soldats algériens ou marocains dès octobre 1940. Sa femme Jeanne* entre en contact avec le Réseau du Musée de l'homme à Paris. À la fin de l'année, la ligne est déplacée vers le nord, à quelques centaines de mètres de La Haye-Descartes. Aidé de sa famille et de ses proches André Goupille* utilise son laissez-passer professionnel de vétérinaire pour faire passer bénévolement courrier et personnes en grand nombre : résistants, juifs, aviateurs ou prisonniers en cavale... Toute sa famille est très vite engagée dans la Résistance. Jeanne*, sa femme, leurs trois fils, Pierre, Louis et Jean, leur fille Élisabeth, la sœur d'André Goupille*, Simone, aidés d'Odette Métais - leur employée - et de son fiancé Lucien Marchelidon ainsi que le frère de Lucien.

Arrêté une première fois en janvier 1942 par les douaniers, André Goupille* continue à faire passer des résistants, des prisonniers évadés, des juifs. Après la suppression de la Zone libre il s'installe au Grand Pressigny . Il organise des parachutages à partir de mai 1943. Dénoncé par des gens qu'il avait sauvés, André Goupille* est arrêté par la Gestapo en janvier 1944, puis déporté ainsi que sa femme et ses quatre enfants. Toute la famille va survivre à l'horreur des camps de Neuengamme, Mathausen, Ravensbrück, Beendorf, Flossenburg et Flöa.

Lettres de remerciement envoyées à André Goupille* pour son rôle de passeur
Le Mans 15 janvier 1941
Monsieur,
Mon fils et moi venons vous remercier du plus profond de notre cœur de ce que vous faites pour nous. Heureusement que de vrais Français existent encore. Mon mari ancien combattant classe 14 est revenu par miracle de l'enfer d'Amiens le 21 mai de l'année dernière, il fut fait prisonnier à Nantes le mois suivant. Il est resté dans les camps de Chateaubriand et de Savenay pendant plusieurs mois et depuis... C'est une grande consolation pour nous que la séparation soit moins pénible. Monsieur, nous vous renouvelons nos remerciements et veuillez recevoir l'expression de nos meilleurs sentiments.
E Delhay

1 rue de Tessé
Le Mans

Quimper 25 mars 1941
Chère Madame,
Après un voyage assez fatigant qu'une bonne nuit chez moi ici me fait oublier, je viens vous dire toute ma reconnaissance pour l'accueil si cordial et si désintéressé que vous m'avez fait. Il me semble que les mots que je trouve pour vous vous l'exprimer sont insuffisants. Je ne suis pas allé à Nantes, mon train se dirigeant directement sur Quimper. J'y suis resté pour éviter de passer la nuit dans la garde de Nantes debout en attendant le jour. Je l'ai passé dans le train et suis arrivé à Quimper à 7 heures 54 heures normale. J'ai commencé à préparer mon déménagement que je fais effectuer d'ici directement pour Perpignan, les circonstances m'obligeant à changer de combinaison. Ma bicyclette est encore ici. J'en suis très heureuse car elle me permettra de faire les promenades que vous m'avez si gentiment offertes en compagnie de vos enfants. Coïncidence curieuse, j'ai rencontré au Mans la belle-fille de votre amie qui se rendait à Angers. Je ne puis vous fixer exactement la date de mon arrivée, mais je compte sur votre habituelle obligeance pour m'accepter lorsque j'arriverai. Je vous prie de transmettre mon meilleur souvenir à Madame votre mère et croire ainsi que M. Goupille à mes sentiments les meilleurs.


Lettre de Jeanne Goupille* à sa fille Élisabeth, 8 juin 1941
Je boue de rage et d'indignation ! Pétain. Quel vieux fourbe ou quel vieux gâteux, on ne sait ! En tous cas sa conduite est honteuse et indigne d'un officier français. Il ment comme " ses maîtres" les Allemands ! Jusqu'à présent j'avais encore pour lui un certain respect, une certaine confiance. C'est fini ! C'est un traître comme les autres et je ne veux plus en entendre parler !
Jeanne Goupille*


Lettre de Jeanne Goupille* à sa fille Élisabeth 12 juin 1941
La Haye le 12 juin 1941
Ma petite chérie,
Le sang des Français versés par d'autres Français. Voilà où nous a mené la confiance en Pétain. Voilà le résultat de l'armistice. Voilà le commencement de beaucoup d'autre sang et d'autres larmes que les Français vont encore verser. Car tu penses bien que cela ne fait qu'affermir nos sentiments, comme augmenter notre haine, et maintenant dans cette haine, dans ce désir de revanche, il faut englober des Français ; si on peut encore donner ce nom a des vendus, à des traîtres. Malheureusement le nom de Pétain a ébloui tant de braves gens, leur a donné confiance, les a aveuglés ! Et voilà la France plus déchirée que jamais, s'abaissant encore davantage, dressant ses enfants les uns contre les autres ! Après tous les espoirs du début de l'année, après le renvoi de Laval qui avait fait croire à tout autre chose, quelle déception ! Enfin ne parlons plus de cela, c'est trop déchirant et on souffre comme l'an passé à pareille époque. Gardons notre foi, notre confiance entière ; souffrons, acceptons, prions. Nos efforts ne seront pas perdus. Et plus nous aurons souffert plus la délivrance sera belle ! Le moral reste le même parmi ceux qui passent venant de partout ! Au contraire la volonté de vaincre s'affermit ; le désir de tout sacrifier à notre liberté grandit. Le jour vient où il va falloir compter avec les Français, les vrais, pas ceux de Vichy pas ceux de la collaboration. Encore plus se plier est encore plus grandir. Mille tendresses de ta maman qui t'aime tant tant tant.
Jeanne*


Lettre de la Directrice du Lycée privé de Combrée à Jeanne Goupille*
Les trois fils d'André* et de Jeanne Goupille* sont internes dans une institution libre à Combrée, pour y poursuivre leurs études de collégiens. Comme leurs parents, Pierre, Louis et Jean ont l'esprit subversif et ne cachent pas leurs idées Gaullistes. Débordée par leurs ardeurs patriotiques, la directrice de l'Établissement écrit à leur mère…
Institution libre Combrée Maine-et-Loire, le 10 décembre 1941
Madame,
Je vous précise ici de nouveau les conditions du retour de vos fils. Gaullistes irréductibles, il s'était à peu près gardé jusqu'ici d'une manifestation Septime de leur attirer une histoire. Mais cette fois tous les trois tombent sous le coup d'une sanction dont ils étaient assez souvent et fortement prévenus. Je vous envoie les deux papiers trouvés en la possession de Pierre et de Louis : je n'ai pas besoin de vous dire ce que j'en pense. Je vous ai signalé aussi le beau geste de bravoure de Pierre déchirant une affiche Allemands.
Pour Jean, il faisait partie d'un groupe de quatre élèves de sa classe qui, avec des alphabets mystérieux, prétendrait correspondre avec " leurs amis" et leur faire passer les indications, des dénonciations. J'étais intervenu vigoureusement il y a 15 jours auprès de ses gosses, croyant les ramener à la raison, au moins par la crainte. Or depuis, de former le projet de s'embarquer... Par la Méditerranée et Jean devait être le " passeur". C'est en soi de la folie puérile. Mais, ici, ceci et cela, c'est une bravache à l'autorité et c'est pour nous quelque chose de plus grave : c'est le désaccord de ces pauvres enfants avec ce qui nous tient le plus à cœur : la cause de la France de la seule France et la cause de l'unité Français autour du chef qui seul peut la sauver. Qui est contre lui, donc avec ou pour les Anglais où de Gaulle, est contre tout. Je vous ai dit à quelles conditions il pourrait rentrer chez nous : qu'ils me signent et que soient contresignés par vous l'engagement dont je joins la formule. Mais cette condition matérielle remplie, je n'aurai encore guère de confiance et leur retour risque bien de de se faire que pour peu de temps. Car je ne transigerai plus sur quoi que ce soit.
Le plus simple serait évidemment qu'ils trouvent une maison gaulliste ou moins strictement "française" : ce serait plus simple et le jeu plus franc. En tout cas, je dois ajouter que tous ces "égarements" compromettent gravement leur premier devoir et le profit de leurs études. Le triste rendement de Pierre est aussi significatif qu'inquiétant. Veuillez agréer, Madame, mais respectueux sentiments.

PS : au moment de cacheter ma lettre de j'apprends que Pierre et Louis commentaient hier soir en s'en moquant ostensiblement, au dortoir, ce que je venais de dire à l'étude et encore une fois à quoi je tiens de toute mon âme. Je vous aurais parlé autrement ce matin si j'avais su cela qui passe la mesure et confirme à l'évidence de que, de notre point de vue comme du vôtre, il convient qu'ils cherchent où ils pourront être Français à leur façon !


Lettre de Jeanne Goupille à son mari et à ses fils, Suède, 1945
Braas le 12 mai 1945
Mon bien-aimé,
Je veux que ma première lettre soit pour toi et que tu la trouves pour t'accueillir si tu rentres le premier . Après tant de mois de séparation et de souffrance que te dire sinon que je t'aime comme il y a 22 ans et plus encore et que mon amour est plus que jamais toute ma vie. Je ne puis te dire combien j'ai espéré, combien j'ai pleuré, crié après toi de tout mon être mon Minet Chéri : j'avais si peur de mourir sans te revoir, sans t'embrasser; le bon Dieu ne l'a pas voulu heureusement. Je savais que tu priais pour moi et cela me donnait de l'espoir. Mais nous revenons de bien loin Minette et moi. Et quand le 2 mai (anniversaire de ma première communion !) nous avons eu le bonheur d'être remises à la Croix-Rouge danoise, nous étions à peu près mourantes toutes deux et nos compagnes ne nous donnaient plus que quelques jours à vivre. La joie de la liberté retrouvée et les soins si dévoués et si éclairés qui nous ont été prodigués aussitôt nous ont sauvées et nos forces reviennent de jour en jour. Nous n'avons plus qu'à espérer le rapatriement le plus tôt possible. Si je rentre, c'est avec tes prières, à ta fille que tu le devras. La pauvre petite a été d'un dévouement filial qui a atteint le sacrifice ; et s'est occupée sans cesse de mon sort me trompant pour me faire manger son pain et les derniers jours, se traînant presque mourante pour aller au loin me chercher de l'eau que je n'avais plus la force d'aller chercher moi-même. Elle répétait sans cesse : "que dira Papa si je ne te ramène pas ; et que je serai heureuse si je te sauve de pouvoir me dire que c'est à moi que tu le dois, toi qu'il aime tant. Je ne te dirai rien de plus de nous sinon que nous avons eu le bonheur d'une messe et de la communion le 7 mai. Mon amour, nous aussi nous avons tant prié et souffert pour toi et nos pauvres petits que je ne puis croire que le bon Dieu ne vous ai pas tous protégés comme nous ! Malgré cela avec quelle angoisse nous attendons de vos nouvelles. Que ce sera bon de vous retrouver, de "revivre" ensemble. Je n'ose y penser ; il semble que l'on n'aura pas la force de supporter la joie du retour ! J'ai reçu deux fois des cartes lettres de toi de septembre et d'octobre : mais je n'ai pu te répondre. Nous n'étions plus à Ravensbrück mais dans un autre bagne Binsdorf où il était interdit d'écrire. Je te quitte mais pour te retrouver bientôt j'espère, embrassant mille et mille fois de tout mon amour de toute ma tendresse de tout mon être qui est tout à toi comme autrefois et pour toujours mon Minet chéri.
Ton Jeannot

Mes pauvres petits enfants chéris je veux mettre aussi un petit mot pour vous. Vous êtes rentrés avant nous ! Mais les mots sont bien pauvres devant mon émotion en vous écrivant après tant de mois de cet horrible silence sur votre sort. Nous avons tant prié tant souffert pour vous que j'espère que le bon Dieu vous aura gardé à ma tendresse. Mais dans quel état devez vous être ! Qu'avez-vous souffert ! Je le sais hélas et j'attends de vos nouvelles avec autant de craintes que d'impatience. Mes petits, mes chéris, avec quelle hâte j'attends la joie de vous serrer dans mes bras ; de vous faire oublier ces horribles mois. Je vous embrasse mes petits, de toute l'immense tendresse de mon cœur tout plein de vous, mes chéris, mes chéris.
Votre maman


Lettre de Élisabeth Goupille à son père, Suède 1945
Mon cher petit papa Bientôt je vais t'embrasser et te ramener maman. Ah! Mon papa je suis heureuse toutes nos souffrances seront oubliées dès que ma « petite fille » (c'est ton Jeannot) et moi nous aurons reçu de tes nouvelles et aussi des garçons, de grand-mère, de tantes, de Jacquot, de tous et toutes. J'ai hâte de rentrer en France, mon petit papa : j'espère bientôt. En attendant je t'embrasse de tout mon cœur ainsi que ceux qui sont autour de toi.

PS j'ai grandi...

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