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Paris

Région :
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Département :
Paris

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(1934 - 1940) Achille Joseph Henri Villey-Desmeserets, Préfet de la Seine (1878-1953)
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(14/05/1941 - 01/06/1942) Amiral François Marc Alphonse Bard, Préfet de police de la Seine (1889-1944)
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(01/06/1942 - 19/08/1944) Préfet de police de la Seine lors de la rafle du Vél d’Hiv (1886-1953)
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(19/08/1942 - 19/08/1944) Préfet de la Seine. Arrêté et révoqué par la Résistance le 19 août 1944 (1896-1945)
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(1944 - 1946) Préfet de la Seine (1892-1971)
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Marcel Gleiser

Texte pour ecartement lateral

Paris 75011 Paris
Date de naissance: 18/05/1931 (Paris 12e)
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Histoire

Témoignage de Marcel Gleiser

Je suis né en 1931 à Paris. Mes parents sont venus en France dans les années 1920, chassés par les pogroms qui se passaient en Pologne. Nous étions trois enfants : ma sœur aînée Thérèse, née en 1923 à Paris, et ma sœur cadette Annette, née en 1933 à Paris. Mon père était ouvrier et ma mère élevait ses trois enfants.

Nous avons habité Paris puis nous avons vécu à Drancy dans les années 35-36 et notre maison était mitoyenne avec ce qui deviendra le camp de concentration de Drancy. Puis nous sommes revenus habiter à Paris afin de nous rapprocher de la famille (mes tantes et mes oncles). Nous habitions à Paris dans le 11e arrondissement. En 39-40, j’avais 9 ans lorsque nous avons été évacués de Paris. Nous nous sommes retrouvés dans le département du Cher non loin de Bourges.

Les Allemands sont arrivés dans le village et ont établi la ligne de démarcation. Comme nous étions dans la zone Nord, nous sommes rentrés à Paris au bout de deux mois.

Quelques temps après, les lois anti-juives ont paru : interdiction d’aller au cinéma, les enfants n’avaient pas le droit de fréquenter les lieux publics...

En novembre 1941, mon père a été arrêté une première fois avec d’autres hommes juifs et emmené à Drancy. Il en est ressorti au bout de quelques temps avec d’autres hommes très malades.

La vie a continué pour nous malgré les difficultés rencontrées (rationnement, ordonnances du gouvernement de Vichy à l’encontre des juifs, zèle de la police française aux ordres de Vichy).
Je fréquentais une école publique et j’ai subi des vexations d’autres enfants du fait du port de l’étoile jaune. L’année 1942, j’avais 11 ans. Ma sœur Thérèse travaillait dans un atelier de maroquinerie dont le patron était aryen. Moi, Marcel je me suis retrouvé pour une opération à l’hôpital Rothschild à Paris, pour une appendicite. J’ai su par la suite qu’une rafle devait avoir lieu et que la police devait arrêter les jeunes filles et les hommes. Ma sœur Thérèse avec l’accord de mes parents s’était cachée chez son patron qui avait bien voulu l’héberger et ma mère était restée avec ma petite sœur cadette dans l’appartement (mon père était aussi caché dans l’appartement).

Et, le 16 juillet, lorsque la police française est venue, ma mère se sentant protégée avec ma petite sœur Annette a ouvert la porte aux policiers. Mais lorsque la police s’en est pris à ma mère qui ne voulait pas se laisser prendre, sachant que j’étais à l’hôpital, mon père est sorti de sa cachette et s’est fait embarquer avec ma mère et ma petite sœur au Vel’d’Hiv’.

À l’hôpital Rothschild, j’ai assisté à l’embarquement par la police française des malades juifs qui étaient hospitalisés comme moi. Par chance, ils m’ont oublié.

Quelques jours après, ma sœur Thérèse, qui était passée à travers la rafle et ne sachant pas ce qui s’était passé à l’hôpital, m’a dit que mes parents étaient cachés et qu’ils ne pouvaient pas venir dans l’immédiat. Et moi, je me doutais bien que quelque chose de grave s’était passé.

Je suis resté encore quelque temps à l’hôpital, (peut-être étais-je protégé par la Résistance ?). Puis ma sœur est venue me chercher pour me placer chez les parents d’une collègue de travail à Juvisy. Ma sœur aînée avait su que mes parents et ma petite sœur étaient internés à Drancy. Nous avons essayé par différents moyens de leur faire parvenir des aliments. Nous avions gardé des contacts avec des gens qui habitaient la maison mitoyenne de la nôtre. Et ma sœur essayait de contacter mes parents par des lettres que l’on essayait de leur faire parvenir. Ma sœur y allait seule, de peur que nous soyons arrêtés.

Nous avons rejoint notre famille à Lyon en novembre 1942. Grâce à ce que nous appelions des passeurs. Nous avons failli nous faire arrêter en passant la ligne de démarcation par la police allemande. En effet, nous allions traverser une route lorsque le passeur s’est aperçu qu’une patrouille allemande arrivait. Nous nous sommes cachés le temps qu’elle s’éloigne puis nous avons pu traverser et rejoindre notre famille à Lyon. Quelques jours après les Allemands envahissaient la zone sud.

À Lyon, nous avons été hébergés chez le frère de ma mère. Nous y sommes restés un mois. Et là, il nous a dit de quitter l’appartement qu’il occupait avec sa famille. Ma sœur a été obligée de trouver une personne qui m’hébergerait. Et ce sont les organisations juives de résistance qui ont payé la pension à la personne qui m’a hébergé. Madame Dupeyron habitait dans la banlieue de Villeurbanne à Cusset. Elle a accepté cette tâche extrêmement dangereuse car elle haïssait les Allemands puisque son fils avait été tué au Chemin des Dames en 40.

Quelques temps après, les organisations juives ont amené deux autres enfants (une fille et un garçon) dont les parents venaient d’être déportés. Ce garçon était très coléreux puisqu’il avait été mordu par un chien enragé, et malgré le vaccin contre la rage, il en gardait des séquelles. Il piquait des colères épouvantables. Un jour, il m’a poursuivi avec un couteau de cuisine et heureusement qu’il ne m’a pas rattrapé car je ne serais pas en vie aujourd’hui. Lorsqu’il a lâché son couteau, je lui ai sauté dessus et depuis ce jour il m’a laissé tranquille.

Je continuai d’aller à l’école où l’instituteur était un ancien de la guerre de 14-18 et était admirateur de Pétain « le vainqueur de Verdun. ». Il connaissait ma situation ainsi que celle des autres enfants et n’en a jamais rien dit. Le directeur de l’école publique, un ami de Madame Dupeyron, passait souvent nous voir et à la Libération j’ai appris qu’il dirigeait un réseau de la Résistance et qu’il aurait été prêt à nous aider si nous avions eu des problèmes.

Madame Dupeyron était en relation avec des maraîchers qui élevaient des lapins, de la volaille, des pigeons qu’ils lui apportaient au marché noir. Elle avait une clientèle très bourgeoise. Quelquefois, le jeudi, je devais porter ses produits puisque je connaissais toutes les lignes de bus qui sillonnaient Lyon. En effet, j’étais capable de voyager dans Lyon avec le bus. Celui-ci traversait la rue de la République où se trouvait le siège de la Milice. Les rafles et les contrôles y étaient permanents.

Au rez-de-chaussée de la maison mitoyenne de la celle de Madame Dupeyron, un immeuble d’un étage, habitait un couple avec une petite fille. Le mari a été appelé au STO (Service de Travail Obligatoire), il a préféré rejoindre le maquis. Sa femme, pendant son absence, a pris un officier allemand comme amant. Son époux l’a appris et est venu pour vérifier les faits. Son épouse, apprenant sa présence, a prévenu son amant qui a fait cerner le quartier par les soldats allemands. Moi, je suis parti dans la nature vers le canal de Jonas qui n’était pas loin. Pendant ce temps les Allemands ont ordonné au mari de se rendre ou ils faisaient sauter l’immeuble. En entendant cet ordre, le mari a ouvert la porte de l’appartement et l’Allemand qui était en faction l’a tué. À la Libération, les résistants sont arrivés à plusieurs et ont cerné l’immeuble. La femme qui se trouvait à l’intérieur de son appartement a voulu s’échapper par les jardins qui bordaient les immeubles. Elle a été arrêtée par les résistants qui l’ont exécutée sur le champ. Et tout cela sous mes yeux puisque je me trouvais à la fenêtre qui donnait sur les jardins. 

La petite fille est restée orpheline : son père tué par les Allemands, sa mère par la Résistance, son oncle prisonnier en Allemagne.

Je suis resté chez Madame Dupeyron jusqu’à la libération de Lyon, en 1945. Ma sœur est venue me chercher et nous sommes remontés à Paris. Nous étions hébergés chez une amie de ma sœur qui était une grande résistante et qui avait récupérée l’appartement de ses parents. Je me suis retrouvé avec des personnes plus âgées que moi qui avaient fait beaucoup pendant la guerre. Ils s’étaient sauvés de France en 1942 (ils étaient juifs), avaient rejoint l’armée française en Algérie, puis fait la campagne d’Italie, les campagnes de France et d’Allemagne et venaient d’être démobilisés. Nous n’avons pas récupéré notre appartement et ma sœur se rendait régulièrement à l’hôtel Lutetia où arrivaient les déportés. Malheureusement, aucun membre de la famille n’est
revenu.

Au mois de novembre 1945, j’ai été admis à la maison d’enfants du Renouveau qui était une œuvre du MNCR (Mouvement national contre le racisme), un mouvement de résistance qui a beaucoup contribué à cacher des enfants susceptibles d’être déportés et qui, à la Libération, les a rassemblés au Renouveau. Je suis devenue pupille de la Nation ainsi que mes camarades. Cette œuvre était présidée par le professeur Wallon, secrétaire général de l’Éducation nationale à la Libération, et dirigée par Madame François, qui était une résistante. Dans cette maison les animateurs et les moniteurs étaient tous des personnes proches de la Résistance ou dans la Résistance et qui ont tout fait pour que nous ayons une vie normale. Là, nous avons tous fait des
études et appris un métier selon les capacités et les volontés de chacun. J’y suis resté sept ans jusqu’au régiment. J’ai été appelé au 8e régiment de transmission au Mont Valérien (de triste mémoire puisque de nombreux résistants y ont été fusillés). Mes classes terminées, j’ai été appelé à l’état major des Invalides. J’étais dans un service où le colonel ayant appris ma situation a été très gentil et très humain avec moi puisque le service militaire terminé, c’est lui qui m’a recommandé pour mon premier travail dans une entreprise qu’il connaissait.

À ma retraite, je suis entré au conseil d’administration du Renouveau ; la maison avait été créée pour les enfants de déportés à la Libération et a continué sa mission avec des enfants qui ont des problèmes dans la société. Elle est désormais financée par le Conseil général du Val-d’Oise.

Je suis militant à la Fédération nationale des déportés, internés, résistants et politiques. Je suis aussi bénévole au Secours Populaire Français et administrateur du centre d’actions sociales de la Ville de Paris (2e arrondissement). J’ai aussi participé à la pose de plaques dans les écoles du 18e arrondissement où des enfants avaient été déportés.

Je me fais fort aujourd’hui de perpétuer la mémoire et le souvenir des victimes de la Shoah en participant aux actions et aux cérémonies en leur honneur.

12/02/2015
Auteur : Marcel Gleiser Lien : Vichy et les Juifs, Basses Alpes 1940-1944

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Etoile jaune: le silence du consistoire centrale , Mémoire ou thèse 7 pages, réalisation 2013
Auteur : Thierry Noël-Guitelman - terminal
Lorsque la 8e ordonnance allemande du 29 mai 1942 instaure l'étoile jaune en zone occupée, on peut s'attendre à la réaction du consistoire central. Cette étape ignoble de la répression antisémite succédait aux statuts des juifs d'octobre 1940 et juin 1941, aux recensements, aux rafles, aux décisions allemandes d'élimination des juifs de la vie économique, et au premier convoi de déportés pour Auschwitz du 27 mars 1942, le consistoire centrale ne protesta pas.


Liens externes [Ajouter un lien vers un article d'intérêt ou un site internet]
1 Juifs en psychiatrie sous l'Occupation. L'hospitalisation des Juifs en psychiatrie sous Vichy dans le département de la Seine (Par une recherche approfondie des archives hospitalières et départementales de la Seine, l'auteur opère une approche critique des dossiers concernant des personnes de confession juive internées à titre médical, parfois simplement préventif dans le contexte des risques et des suspicions propres à cette période. La pénurie alimentaire est confirmée, influant nettement sur la morbidité. Ce premier travail sera complété par un examen aussi exhaustif que possible des documents conservés pour amener une conclusion. )
2 Héros de Goussainville - ROMANET André (Héros de Goussainville - Page ROMANET André )
3 Notre Dame de Sion : les Justes (La première religieuse de Sion à recevoir ce titre en 1989 est Denise Paulin-Aguadich (Soeur Joséphine), qui, à l’époque de la guerre, était ancelle (en religion, fille qui voue sa vie au service de Dieu). Depuis, six autres sœurs de la congrégation, ainsi qu’un religieux de Notre-Dame de Sion ont reçu la même marque de reconnaissance à titre posthume. Ils ont agi à Grenoble, Paris, Anvers, Rome. L’action de ces religieuses et religieux qui ont sauvé des Juifs pendant la deuxième guerre mondiale mérite de ne pas être oubliée. Et il y en a d’autres, qui, même s’ils n’ont pas (encore ?) reçu de reconnaissance officielle, ont œuvré dans le même sens, chacun à leur place. )
4 L'histoire des Van Cleef et Arpels (Blog de Jean-Jacques Richard, très documenté. )
5 Résistance à la Mosquée de Paris : histoire ou fiction ? de Michel Renard (Le film Les hommes libres d'Ismël Ferroukhi (septembre 2011) est sympathique mais entretient des rapports assez lointains avec la vérité historique. Il est exact que le chanteur Selim (Simon) Halali fut sauvé par la délivrance de papiers attestant faussement de sa musulmanité. D'autres juifs furent probablement protégés par des membres de la Mosquée dans des conditions identiques.
Mais prétendre que la Mosquée de Paris a abrité et, plus encore, organisé un réseau de résistance pour sauver des juifs, ne repose sur aucun témoignage recueilli ni sur aucune archive réelle. Cela relève de l'imaginaire. )
6 La Mosquée de Paris a-t-elle sauvé des juifs entre 1940 et 1944 ? une enquête généreuse mais sans résultat de Michel Renard (Le journaliste au Figaro littéraire, Mohammed Aïssaoui, né en 1947, vient de publier un livre intitulé L’Étoile jaune et le Croissant (Gallimard, septembre 2012). Son point de départ est un étonnement : pourquoi parmi les 23 000 «justes parmi les nations» gravés sur le mémorial Yad Vashem, à Jérusalem, ne figure-t-il aucun nom arabe ou musulman ? )
7 Paroles et Mémoires des quartiers populaires. (Jacob Szmulewicz et son ami Étienne Raczymow ont répondu à des interviews pour la réalisation du film "Les garçons Ramponeau" de Patrice Spadoni, ou ils racontent leur vie et en particulier leurs actions en tant que résistants. On peut le retrouver sur le site Paroles et Mémoires des quartiers populaires. http://www.paroles-et-memoires.org/jan08/memoires.htm. (Auteur : Sylvia, Source : Canal Marches) )
8 Les grands entretiens : Simon Liwerant (Témoignage de Simon Liwerant est né en 1928. Son père Aron Liwerant, ouvrier maroquinier né à Varsovie, et sa mère Sara née Redler, seront arrêtés et déportés sans retour. )

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