Marcelle Chilloux

	xxx, Marcelle* et Roger Chilloux* source photo : Yad Vashem crédit photo : D.R.

De 1943 à 1945, Roger* et Marcelle Chilloux*, agriculteurs en Sologne, habitaient à Villeherviers, une petite commune de moins de 600 habitants avec leurs quatre enfants.

Au début de la guerre, Madame et Monsieur Setion, juifs de Turquie, vivaient à Paris où ils tenaient un magasin de bonneterie dans le dix-septième arrondissement. Ils avaient quatre filles : Estelle, née en 1916, Vicky, en 1921, Colette, en 1930, et Ginette, en 1934.

Lors de la grande rafle des Juifs parisiens en juillet 1942, plusieurs parents des Sétion furent arrêtés et ils décidèrent de se chercher une cachette. Un ami de la famille trouva un abri à Paris pour les parents Madame et Monsieur Setion et leurs deux filles aînées : Estelle et Vicky.

Au début de l'année 1943, d'autres amis parisiens trouvèrent un hébergement pour Colette et Ginette, les deux plus jeunes à Villeherviers, dans le Loir-et-Cher.

La famille qui les reçut leur assura un asile mais avec froideur, et ne se privait pas de remarques antisémites plus ou moins voilées. Colette et Ginette étaient chargées d'aller tous les jours à la ferme de Marcelle* et Roger Chilloux* acheter des produits laitiers.
Marcelle* et Roger Chilloux* commencèrent à s'attacher aux fillettes.

Voyant qu'elles avaient l'air malheureuses, Roger Chilloux* leur proposa d’habiter chez lui. Estelle, la grande soeur, vint reprendre Colette et Ginette et les amena chez Marcelle* et Roger Chilloux*.

Les gamines aimaient bien la vie à la ferme, malgré leur inquiétude constante pour leurs parents à Paris. Pour plus de sûreté, leurs protecteurs ne les envoyaient pas à l'école et faisaient de leur mieux pour leur donner des leçons particulières à la ferme. Elles apprirent aussi à traire les vaches, battre le beurre, faire du fromage et aider aux champs.
Colette et Ginette vivaient dans la famille Chilloux* comme si elles en faisaient partie. Le dimanche, elles l’accompagnaient à la messe, pour faire croire aux gens du village qu'elles étaient des parentes et de bonnes chrétiennes. Par leur attitude, les fermiers témoignaient non seulement de leur affection pour les fillettes mais aussi de leur hostilité à l'Occupation.
Leur ferme servait souvent de lieu de rencontre à des résistants opérant dans la région.

Août 1944, Paris est libéré.
Colette et Ginette retournèrent chez leurs parents à Paris. Roger Chilloux* accompagne à la gare les deux fillettes à bicyclette pour rejoindre la capitale.

Elles restèrent en contact avec la famille Chilloux*.

Cinquante ans plus tard, l'une d'entre elles reprend contact après tant d'années passées sous silence.
Roger Chilloux* vit toujours. Elle décide de lui obtenir la médaille des justes parmi les nations donné par l'institut Yad Vashem à Jerusalem.

Le 29 octobre 1995, l'institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Marcelle* et Roger Chilloux* le titre de Juste parmi les Nations.

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem