(06/02/1944 - 09/06/1944) Préfet de Lot-et-Garonne. Arrêté par la Gestapo le 09/06/1944, il est déporté à Neuengamme, puis à la forteresse de Therezin
Chef de cabinet : Pierre Brunon (1944), arrêté et déporté avec Louis Tuaillon
Jean Brachard
(1944 - 09/06/1944) Sous-préfet de Nérac. Arrêté par la Gestapo le 09/06/1944, il est déporté à Neuengamme, puis à la forteresse de Therezin
(12/06/1944 - 12/10/1945) Préfet de Lot-et-Garonne, délégué à titre provisoire par le préfet de la région (12 juin 1944), suspendu de ses fonctions le 1er mars 1945, il est interné au centre de séjour surveillé de Noé le 12 octobre 1944
(27/09/1945 - 05/1948) Résistant NAP FFC, arrêté par les Allemands le 30/05/1945 et déporté à Dachau. Rapatrié, il est nommé Préfet de Lot-et-Garonne
Chef de cabinet : Robert Marquant (1945)
Profession: Secrétaire de mairie Nom de naissance: Deguilhem Nom d'épouse: Van der Poellen Date de naissance: 23/05/1898 (Monbahus)
Date de décès: 04/09/1980 (Villeneuve-sur-Lot)
Lucienne Deguilhem* est né en 1898 à Monbahus en 1898 au 8 grand Rue, dans une famille de scientifiques laïques.
Son père Pierre était pharmacien à Monbahus et avait épousé Marie née Héritier, dite Almène. Ils eurent deux enfants, Marguerite, née en 1895, et Lucienne*.
Le frère de Pierre Deguilhem, Ancelin, est vétérinaire à Paillé, un hameau sur la commune de Monbahus.
Après ses études et la guerre de 1914-1918, Lucienne* aide ses parents à la pharmacie. Elle soignera sa mère Almène, qui mourra d’un cancer en 1928 et continué à travailler à la pharmacie jusqu’au décès de son père en 1933. Elle loua alors la pharmacie à un autre pharmacien et part vivre avec son oncle Ancelin Deguilhem à Paillé.
Dévouée à ses parents, à 35 ans, elle n’avait pas pris le temps de fonder une famille et souffrait de ne pas avoir d’enfant.
Un conseil de famille lui demanda de prendre en charge l’éducation de sa cousine Pierrette Blanda, ainée d’une famille nombreuse.
Ancelin est élu maire de Monbahus en 1935 et engage Lucienne* en tant que secrétaire de mairie.
La même année, Ancelin Deghuilhem, malade et en proie à des douleurs insupportables se suicide.
Lucienne se retrouve alors seule avec la petite Pierrette âgée de 7 ans.
Lorsque la guerre éclate, en 1940, Pierrette, alors âgée de 12 ans, est renvoyée vivre auprès de sa mère près de Bordeaux.
Monbahus est situé en zone sud, dite libre. Lucienne Deguilhem*, utilisant son poste de secrétaire de mairie pour cacher des personnes persécutées.
En juin 1941, les mairies de la zone libre reçoivent de Vichy l’ordre de recenser tous les juifs présents sur la commune. Lucienne Deguilhem* ainsi que M. Lacroix, le Maire, refusent. M. Lacroix est démissionné et remplacé, tandis que Lucienne* est chassée immédiatement du secrétariat de mairie dès le 15 juillet 1941.
Lucienne Deguilhem* continue à cacher des juifs en danger avec sou sans faux papiers.
Des enfants sont cachés dans la ferme de Joseph Van der Poellen à Labarque, dont :
- Henri et Lucien Almi
- le jeune Rudy Engel
- Nathan, Simon et Liliane Frenkiel sont nés en France, de parents juifs Polonais. Les enfants sont cachés à Labarque, tandis que leurs parents sont cachés à Paillé.
- Sabine et Bernard Jakobson. Les enfants sont cachés à Labarque, tandis que leurs parents sont cachés à Paillé.
- Georges Jeanmaire-Wolf (dit Jojo) arrive à Monbahus avec ses parents en 1940. La famille s'installe dans une petite pièce. M. Wolf est interné au 125e CTE, camp de travailleurs étrangers de Casseneuil. M. Wolf rejoint ensuite à la Ferme-Ecole de l'ORT aux Angiroux, tout près de Monbahus, où étaient réfugiés de nombreux stagiaires et travailleurs juifs, dont les parents de plusieurs enfants confiés à Lucienne Deguilhem*.
- Nadine Ostrow. Elle est cachée à Labarque, tandis que ses parents sont cachés à Paillé.
- Édith Perstunski. Elle est cachée à Labarque, tandis que ses parents sont cachés à Paillé.
- Wladimir Wachspress (dit Dédé), né le 10 octobre 1940 à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne). Il est caché à Labarque, tandis que sa mère est cachée à Paillé.
Les familles, quant à elles, sont cachées à Paillé ou au Buzard, dans la ferme familiale de Lucienne Deguilhem*, dont :
- Jacob Chenciner, son épouse Chana née Beskin et leur fils Alain Chenciner, né le 23/10/1943.
- Nathan Ehelberg, son épouse Laura née Nussbaum et leur fils Jacques, né en 1942 à Monbahus, sont arrivés de Belgique avec Leib et Perla Nussbaum, les parents de Laura Ehelberg. Leib Nussbaum sera arrêté le 26/08/1942 et sera déporté de Drancy à Auschwitz. Le reste de la famille sera sauf, restant à Monbahus jusqu'à la fin de la guerre. Un oncle de Jacques, officier dans l'armée anglaise, les retrouvera sains et saufs à la fin de la guerre.
- Moïse Frenkiel et son épouse Vitia Frankiel
- Izaak Jakobson et son épouse Roza née Katz. Leurs deux enfants sont cachés à Labarque, tandis que leurs parents sont cachés à Paillé.
- Albert Ostrow et son épouse Cécile née Beskin. Leur fille est cachée à Labarque, tandis qu'ils sont cachés à Paillé.
- Israël Perstunski et son épouse Sianka. Leur fille est cachée à Labarque, tandis qu'ils sont cachés à Paillé.
- Monsieur et Madame Vintrop.
- Yaël Wachspress est cachée à Paillé, tandis que son fils est caché à Labarque.
...
Fin 1942, tandis que Lucienne Deguilhem* est au Buzard, une rafle surprise est organisée à Paillé. Lucienne* qui n’avait pas été avertie de cette rafle n'avait pas pu organiser leur fuite. Richard Wollner, 44 ans, et ses deux filles, Gertrude, 21 ans, et Annelisse, 17 ans, et un autre couple, soit 5 personnes, sont arrêtées par la police Française et seront déportés sans retour à Auschwitz.
En septembre 1942, la brigade de gendarmerie de Cancon établit une liste des enfants juifs de Monbahus et des environs, dans laquelle figure Georges Wolf, Henri Almi et son tout petit frère Lucien. Mais bienheureusement, les enfants ne seront pas raflés, malgré le zèle du chef de la gendarmerie.
Début 1943, Pierrette Blanda reviendra pour aider sa tante dans cette tache. Lucienne Deguilhem* ne se préoccupe pas que du bien être des enfants, elle veillera également à leur assurer une base d'éducation, de lecture, d'écriture et de calcul et les initiant à la nature, aux animaux, aux plantes. Joseph Van der Poellen, joue du violoncelle et leur fait découvrir la musique.
Fin août 1944, le Lot-et-Garonne est libéré et les familles cachées sortent de leur clandestinité.
Mme Wolf, sauvée elle aussi, vient chercher Georges.
Grâce au silence des habitants de Monbahus, tous seront saufs.
Au lendemain de la guerre, Lucienne* devient présidente de l’Amicale Laïque de Monbahus et organise avec une rare énergie, des distributions de prix, des arbres de Noël, du théâtre, des corsos fleuris etc. Elle se dépense sans compter pour que vive et se développe l’école publique.
Elle restera secrétaire de mairie jusqu’en 1963.
Lucienne Deguilhem* a été reconnue Juste parmi les Nations pour avoir caché plus de 20 Juifs dont au moins 13 enfants. La Médaille et le Diplôme attestant de l'honneur qui lui est rendu ont été remis à Jean-Pierre Flacon son petit-neveu représentant les membres de sa famille : ses neveux et nièces, Yvette et ses filles Marie-Thérèse et Colette Deguilhem, Pierrette Carraro et ses enfants Bernard Carraro et Liliane Ségeat.
Allocution de Jean-Pierre Flacon, petit-neveu de Lucienne Deguilhem
Madame Lucienne Deguilhem, habitante de Monbahus pendant la Seconde Guerre mondiale, a caché dans 3 propriétés, plus de 20 Juifs, les soustrayant à la traque des nazis et de leurs complices de l’État collaborationniste de Vichy.
Les enfants :
Henri et Lucien Almi
Georges Jeanmaire-Wolf (Jojo)
Edith Perstunski
Le jeune : Rudy Engel
Les familles :
Chenciner, avec leur fils Alain
Ehelberg, avec leur fils Jacques
Frenkiel, avec leurs enfants Nathan, Simon et Liliane
Jakobson, avec leurs enfants Sabine et Bernard
Nussbaum
Ostrow, avec leur fille Nadine
Vintrop
Wollner, avec leurs filles Annelise et Gertrud
Wachspress, avec leur fils Wladimir (dit Dédé)
Et peut-être d'autres.
Nous avons pu nous retrouver grâce aux contacts que nous avions gardé entre nous et aux souvenirs recueillis par Madame Liliane Segeat auprès de sa mère Madame Pierrette Carraro, la filleule de Lucienne Deguilhem qui l'a aidée à faire vivre au quotidien les enfants qu'elle cachait.
Nous n'avons pas pu retrouver la trace de Rudy Engel.
Nous n'avons pas pu retrouver non plus trace de Monsieur et Madame Vintrop
Monsieur Richard Wollner et ses 2 filles Annelise et Gertrud, ont malheureusement été pris lors d'une rafle, et déportés.
Les anciens enfants cachés par madame Deguilhem : Henri et Lucien Almi, Alain Chenciner, Jacques Ehelberg, Nathan, Simon et Liliane Frenkiel, Sabine et Bernard Jakobson, Georges Jeanmaire-Wolf, Nadine Ostrow, Edith Perstunski, Wladimir Wachspress remercient l’État d'Israël pour avoir reconnu comme « Juste parmi les Nations », Madame Lucienne Deguilhem à qui nous devons d'avoir pu échapper ainsi que les parents de plusieurs d'entre nous, à la barbarie nazie.
La Médaille et le Diplôme attestant de l'honneur qui lui est rendu ont été remis à Monsieur Jean-Pierre Flacon son petit-neveu représentant les membres de sa famille : ses neveux et nièces, Yvette et ses filles Marie-Thérèse et Colette Déguilhem, Pierrette Carraro et ses enfants Bernard Carraro et Liliane Ségeat.
Bonjour Mesdames et Messieurs.
Le Sous-Préfet /le Consul/le Conseiller Général/le responsable régional Yad Vashem/le Maire… les représentants des familles juives rescapées.
Je me nomme Jean-Pierre FLACON, ma grand-mère était la sœur de Lucienne DEGUILHEM à l’honneur aujourd’hui. Je suis accompagné de mes cousins, des neveux et nièces de Lucienne,Colette DEGUILHEM-FERULLO(qui a traduit ce discours en anglais avec sa fille Christel Bertrand) et Marie-Thérèse DEGUILHEM-JEAN MARIE, et de Bernard et Liliane CARRARO (SEGEAT)).
Je remercie Colette DEGUILHEM-FERULLO et sa fille Christel BERTRAND qui ont traduit les discours en anglais.
Il faut que vous sachiez que Lucienne DEGUILHEM, de son vivant, ne voulait pas faire partie des Justes. Elle a toujours pensé qu’elle n’avait fait que son simple devoir. La charité laïque et le dévouement pour tous faisaient partie de son éducation et s’imposaient naturellement. Son fort caractère lui dictait également de se battre pour ses convictions au mépris des risques. Toute sa vie elle s’est rendue utile, avant et après la guerre. C’était son mode de vie, son quotidien, sans oublier sa modestie. Pour vous qui êtes présents, ce jour, peut-être un peu grâce à elle et qui voulez lui témoigner votre affection, nous avons accepté cette cérémonie. Au nom de Lucienne DEGUILHEM, nous vous remercions chaleureusement de l’honneur que vous lui faites. Elle va revivre pendant ces instants d’émotion grâce à vous.
Maintenant, je vais vous parler de Lucienne DEGUILHEM :
Lucienne DEGUILHEM est née à Monbahus en 1898 au 8 grand Rue, (La maison que j’habite encore) dans une famille de scientifiques laïques. Elle avait une sœur ainée née en 1895 (ma Grand-Mère) qui est décédée en 1983. Son père Pierre était pharmacien à Monbahus. (à l’emplacement de sa maison natale). Sa mère Almène l’appelait Lulu.
A Monbahus, Lucienne avait aussi un oncle, Ancelin DEGUILHEM (frère de PIERRE), vétérinaire qui habitait Paillé (Le domicile actuel de Liliane CARRARO-SEGEAT).
Lucienne a passé toute sa vie à Monbahus. Après ses études et la guerre de 14/18, elle est restée à la pharmacie pour aider ses parents. Elle a soigné sa mère Almène morte d’un cancer en 1928 et a continué à aider son père à la pharmacie puis à le soigner jusqu’à son décès en 1933. Dévouée à ses parents, elle n’avait pas fondé de famille. Elle souffrait de ne pas élever d’enfant.
A cette époque, un conseil de famille lui demanda de prendre en charge l’éducation de sa cousine Pierrette BLANDA ainée d’une famille nombreuse. Ce qu’elle fit jusqu’en 1940. (Pierrette est la mère de Bernard et Liliane ainsi que la femme de Gino ici présents).
A la mort de son père, Lucienne a loué la pharmacie à un autre pharmacien et est allé vivre avec son oncle Ancelin DEGUILHEM à Paillé. Lui aussi était souffrant. Ancelin a été élu maire de Monbahus en 1935.Lucienne a été engagée à cette époque par la commune comme secrétaire de mairie. Cette année-là, après des douleurs insupportables, Ancelin DEGUILHEM s’est suicidé. Lucienne s’est retrouvée seule avec la petite Pierrette qui avait 7 ans.
Cinq ans après, la guerre est arrivée. En 1940, Pierrette est retournée vivre chez sa mère près de BORDEAUX. Lucienne connut son futur mari Joseph VAN DER POELLEN qui habitait à la ferme « LABARQUE ». La même ferme dans laquelle vit encore à ce jour avec son mari Pierrette BLANDA-CARRARO.
Pendant cette guerre, nous connaissons tous les mesures discriminatoires puis criminelles qui ont été mises en place par l’occupant Allemand et le gouvernement Français de Vichy à l’encontre des Juifs.
Dans un premier temps la France a été séparée en 2 zones : la zone libre et la zone occupée. En 1940 les allemands ont expulsé les juifs d’Alsace et de Lorraine vers la zone libre. Les autres juifs de la zone occupée ont été harcelés et ont fui également pour ceux qui le pouvaient vers la zone libre. Monbahus était située en zone libre.
Dès cette époque, Lucienne DEGUILHEM et Joseph VAN DER POLLEN ont accueilli des familles persécutées. Le métier de secrétaire de mairie de Lucienne lui donnait toutes les informations. Tout naturellement elle a pris sa part dans une organisation ou une association dont l’action dépassait largement la commune de Monbahus. Tout y était organisé certainement depuis Bordeaux, les faux papiers, le transport, l’accueil etc.
En juin 1941, sur loi du gouvernement de Vichy, les mairies de la zone libre (dont Monbahus) ont reçu l’ordre de recenser tous les juifs présents sur leur territoire. Lucienne ainsi que le Maire de l’époque ont refusé. Le Maire (M.LACROIX) a démissionné et a été remplacé par un autre certainement plus conforme à la mentalité du gouvernement de l’époque. Lucienne a été chassée immédiatement du secrétariat de mairie le 15 juillet 1941. (C’est ce qui est écrit dans les registres de la mairie).
Malgré les risques, elle a continué à cacher des familles juives sans ou avec faux papiers. Les familles vivaient à PAILLE ou à LABARQUE. Il y avait une dizaine de couples à PAILLE et une dizaine d’enfants à LABARQUE certains au BUZARD (ferme familiale). Une jeune fille Jeannine PERODEAU (ici présente) aidait Lucienne à LABARQUE. Début 1942, devant la charge de travail importante, Lucienne a souhaité que Pierrette BLANDA revienne l’aider mais à cause de la frontière entre les 2 zones cela n’a été possible que début 1943.
Un évènement tragique a marqué énormément Lucienne : c’est une rafle surprise de fin 1942 à PAILLE où la famille WOLLNER et un autre couple soit 5 personnes ont été arrêtées par la police Française. Lucienne était au BUZARD, elle a été totalement surprise, elle n’a pas été avertie et n’a pas pu organiser leur fuite. Personne ne sait avec certitude ce que sont devenues ces familles.
Pour toutes ses familles cachées, la peur n’a vraiment cessé qu’à la fin août 1944 au moment de la libération du Lot et Garonne. Cette vie de clandestin a duré, pour certains, presque 4 ans.
En Novembre 1944, Lucienne a retrouvé le secrétariat de la mairie de MONBAHUS et un nouveau maire M.GELIEUX. Elle se marie avec M. Joseph VAN DER POELLEN le 28 Mars 1945. Le bonheur est de courte durée car Joseph décède en 1949.
Dès le lendemain de la guerre, Lucienne est devenue présidente de l’Amicale Laïque de Monbahus. Elle a organisé avec une rare énergie, des distributions de prix, des arbres de Noël, du théâtre, des corsos fleuris etc…, elle s’est beaucoup dépensée aussi pour que vive et se développe l’école publique. Elle a assuré le secrétariat de mairie jusqu’en 1963. Se rendre utile à la collectivité et à son entourage était sa raison d’être, la modestie était sa nature.
Pierrette BLANDA a fondé une famille avec Gino CARRARO et s’est installée à la ferme LABARQUE en 1951. Elle y vit encore aujourd’hui, elle a 86 ans.
Lucienne a été inhumée en 1980, ici, à Paillé à coté de Joseph VAN DER POELLEN et bien sûr de façon laïque.
Je me souviens qu’elle ne parlait jamais de la guerre pendant les réunions de famille où pourtant tous les souvenirs étaient partagés. J’ai eu connaissance de ce que nous avons évoqué aujourd’hui quand elle m’a exprimé sa joie (toujours contenue) d’avoir reçu la visite à Paillé de certaines familles juives qui se souvenaient d’elle et qui revenaient sur les lieux en sorte de pèlerinage.
Aujourd’hui, même si vous malmenez quelque peu sa modestie, nous sommes certains qu’elle vous pardonne et qu’elle se réjouit en constatant que, si longtemps après, vous ne l’avez toujours pas oubliée.
Merci en son nom.
Toda raba. Shalom alekhem
Monsieur le Consul général d'Israël, Monsieur le Préfet, Monsieur le Maire de Monbahus, Monsieur le Délégué du Comité Français pour Yad Vashem, Mesdames Messieurs les élus, Les enfants des écoles, Mesdames Messieurs, chers amis,
Si au cours de la seconde guerre mondiale 75% des juifs qui vivaient en France ont pu échapper à la la monstrueuse traque et à la déportation organisées contre eux par les nazis et leurs complices de l'état collaborationniste de Vichy, traque qui les menait à la mort dans les camps d'extermination, c'est grâce entre autres à la solidarité de Français qui malgré les risques encourus les ont cachés et aidés et particulièrement les enfants qui n'étaient pas épargnés par cet horrible destin. Ces Français qui nous sont venus en aide, on les nomme maintenant les Justes.
Nous sommes réunis aujourd'hui pour rendre hommage à l'une de ces Justes, Madame Lucienne Deguilhem, habitante à l'époque de cette commune de Monbahus, que l'Etat d'Israël reconnaît comme "Juste parmi les Nations". Monsieur le Consul Général nous fait l'honneur d'être venu remettre la Médaille des Justes de Lucienne Deguilhem, à titre posthume, au représentant de la famille.
Plusieurs anciens enfants juifs, qui furent cachés par Lucienne Deguilhem, et aussi des enfants dont les parents ont été sauvés par elle sont ici aujourd'hui. Nous sommes venus de diverses régions de France et aussi d'Israël, de Belgique, d'Angleterre. Certains d'entre nous sont accompagnés de leurs enfants et petits-enfants.
Notre très jeune âge à l'époque ne nous laisse comme souvenirs personnels que des images furtives mais qui nous ont marqués. Moi, je n'avais pas vraiment conscience des événements de la guerre. Ce n'est que plus tard, avec ce que m'ont rapporté mes parents et le monde des adultes, que j'ai pu rattacher mes faibles souvenirs à ces événements et compris que nous étions des survivants.
J'étais déjà à Monbahus depuis 1940, réfugié avec mes parents. Nous vivions dans une petite pièce. Mon père a été interné au camp de travailleurs étrangers de Casseneuil. Puis il s'est retrouvé à la Ferme-Ecole de l'ORT (Organisation Juive de Reconstruction par le Travail), aux Angiroux, où étaient réfugiés de nombreux stagiaires et travailleurs juifs, dont les parents de plusieurs d'entre nous.
Nous avons vécu ainsi dans une très relative sécurité, effectivement très relative, car j'ai eu connaissance récemment grâce au travail d'historiens de Monsieur Alexandre Doulut et Madame Sandrine Labeau, d'une liste d'enfants juifs de Monbahus et des environs, dans laquelle je figurais avec mon ami Henri Almi et son tout petit frère. Cette liste, établie en septembre 1942, émanait de la brigade de gendarmerie de Cancon dont le chef de l'époque était particulièrement zélé dans la chasse aux Juifs ; Cette liste faisait de nous des proies faciles pour les rafles et la déportation. Les Allemands ont envahis la « zône libre » fin 1942. A partir de ce moment, les rafles de Juifs se sont intensifiées dans le Lot-et-Garonne comme ailleurs.
J'ai un souvenir personnel, qui doit se situer à ce moment là, où je passe de bras en bras pendant la nuit. C'est donc une chaîne de solidarité qui m'a amené chez Lucienne Deguilhem.
C'était une personnalité au caractère bien trempé, comme l'ont décrite ceux qui l'ont connue et sa nièce Pierrette Carraro qui l'a aidée à faire vivre au quotidien les enfants qu'elle cachait. Lucienne était secrétaire de mairie. Cette fonction lui a permis d'aider autrui, et particulièrement les Juifs cachés dans le village et les environs en fournissant des faux papiers et des cartes d'alimentation. Elle fut destituée par les autorités de Vichy en 1941, mais restée dans la mouvance de sa fonction, elle pouvait avoir connaissance d'informations sur la situation ; elle a ainsi pu prévenir des Juifs lorsque des rafles se préparaient.
Madame Deguilhem, comme nous les enfants l'appelions, a caché en 3 lieux différents plus de 20 Juifs dont au moins 13 enfants, qui aujourd'hui adultes ont tenus à être présents ou représentés à cette cérémonie. J'étais dans une ferme à Labarque avec plusieurs enfants. Nous n'avons jamais eu faim, car nous vivions en autarcie, grâce au potager, à la basse-cour, et grâce à la vache qui nous fournissait le lait que nous buvions parfois tout chaud sorti du pis. J'ai souvenir d'un bocal, fermé par un caoutchouc rouge, dont Madame Deguilhem avait partagé le contenu. Rétrospectivement, par comparaison, je me demande aujourd'hui encore si ce n'était pas du foie gras mis en conserve à la ferme avant la guerre. Il serait cocasse d'avoir mangé du foie gras en ces temps de restrictions. Je me souviens aussi des prunes, qui ressortaient toute noires et fripées du grand four extérieur ( les fameux pruneaux d'Agen ). Je vois encore les feuilles de tabac qui séchaient, cachées dans le grenier.
Nous dormions dans une chambre très claire transformée en dortoir. Henri se rappelle avoir été impressionné par le grand lustre au plafond. Il se souvient aussi que son petit frère, bébé, nous empêchant de dormir, Madame Deguilhem l'avait installé ailleurs.
Non seulement Madame Deguilhem nous soignait, s'occupait de notre bien-être, nous entourait d'affection, mais elle nous assurais aussi une base d'éducation Elle nous initiait aux choses de la nature, nous faisait aimer les animaux ; en nous intéressant au jardin, elle nous faisait connaître les plantes. Elle nous donnait aussi des rudiments de connaissances scolaires. Je me rappelle qu'après la guerre, quand je suis entré à l'école, je possédais les éléments de lecture, d'écriture et de calcul. Or j'avais été séparé de mes parents et n'avais jamais été à l'école. Ce ne pouvait être que Madame Deguilhem qui nous avait enseigné ces éléments, avec la complicité de Monsieur Vander, son époux, et de Pierrette. Monsieur Vander jouait du violoncelle, il nous a fait découvrir la musique.
Madame Deguilhem ne nous a jamais fait sentir que nous étions des enfants cachés et nous a fait mener une vie normale. Nous nous sentions chez nous. Preuve en est pour ma part, que lorsque après la guerre, ma mère est venue me chercher, je ne l'ai pas reconnue, je me suis demandé qui elle était, et quand "cette femme" a voulu me prendre dans ses bras, je me suis réfugié dans les jupes de Madame Deguilhem. Il m'a aussi été rapporté que les parents de Dédé étaient un peu jaloux d'elle.
Madame Vielcazat-Petitcol a écrit un ouvrage, Lot-et-Garonne terre d'exil terre d'asile, où elle évoque à plusieurs reprises l'attitude humaine et généreuse de Lucienne Deguilhem. Elle la qualifie de « Juste discrète ». En effet Lucienne estimait qu'elle n'avait fait que cacher des gens qui étaient persécutés et en danger. Selon elle, cela n'avait rien d'héroïque. Et pourtant, pourtant c'étaient des actes de courage, elle encourait des risques extrêmes. Sans arme à la main, c'étaient de véritables actes de Résistance.
Rendons aussi hommage aux habitants de Monbahus. Sans leur silence et l'engagement de Lucienne Deguilhem et de ceux qui l'ont aidée, nos parents n'auraient pas été sauvés, et nous, les enfants cachés aurions été comme plus de 11000 enfants juifs de France, raflés, déportés, exterminés-gazés, dans les camps de la mort. Nous ne serions pas là aujourd'hui avec nos enfants pour dire Merci à Lucienne Deguilhem.
Nous sommes heureux qu'ai été reconnue comme « Juste parmi les Nations » la modeste Lucienne Deguilhem qui courageusement s'est comportée comme telle pendant ces années terribles.
Merci.
Chronologie[Ajouter]
Cet article n'est pas encore renseigné par l'AJPN, mais n'hésitez pas à le faire afin de restituer à cette commune sa mémoire de la Seconde Guerre mondiale.
Témoignages, mémoires, thèses, recherches, exposés et travaux scolaires [Ajouter le votre]
Paul Joseph dit Joseph Bourson Arrêté comme otage et fusillé le 11 juin 1944 à Mussidan (Dordogne), Blog2 pages,
réalisation 2011 Auteur :
Alain LAPLACE
Article rédigé à l'occasion de mes recherches généalogiques, puis la mise en ligne d'un blog (http://majoresorum.eklablog.com)dédié à la famille BOURSON qui a été expulsée en 1940 du village de Vigy (Moselle) et réfugiée à Mussidan (Dordogne) et les villages alentours où elle a vécu toute la durée de la guerre. Plusieurs personnes natives de Vigy faisaient partie des 52 otages fusillés le 11 juin 1944.
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