Szyga Teitelbaum

Benedykt (Norbert) Kamienker, né à Lwow (Pologne), le 15 septembre 1904, immigra en Belgique. Mineur à Charleroi, puis laitier et épicier, mais aussi peintre et chauffeur, il s'installe à Anvers et épouse Adela née Weicholz. Ils ont un fils, Charles Isaac, qui naît le 25/12/1926 à Anvers.

Il épouse en seconde noce Toba Bilel, né le 03/02/1902 à Kob Polfana, de nationalité tchèque. Ils habitent avenue Plantin-et-Moreitus à Anvers et auront trois enfants nés à Anvers : Marcel, né le 22/04/1930, Rachel, née le 22/12/1935 et Samuel, né le 15/03/1939.

Benedykt et Toba Kamienker décident de mettre leur fille Rachel à l'abri en France et la confie à Maurice Kamienker (frère de Benedykt) et son épouse Helen (soeur de Toba). De Belgique, ils parviennent à rejoindre Lyon où ils doivent retrouver Yetty, la soeur de Maurice et de Benedykt Kamienker, son mari, Chaskel Teitelbaum  et leur petit garçon Raymond. Le rendez-vous n'a pas lieu. Les Teitelbaum étaient partis à Lacaune rejoindre les frères de Chaskel Teitelbaum arrivés de Belgique à Lacaune le 27 mars 1942 : 

• Israël Teitelbaum, son épouse Liba née Rozemberg et leurs enfants, Salomon et Esther.
• Szyga Teitelbaum et son épouse Joséphine née Berlyn.

Ils repartent tous trois vers Toulouse puis gagnent la frontière Suisse. Refoulés, Helen Kamienker et sa nièce Rachel retournent à Lyon.

En Belgique, Benedykt Kamienker est arrêté avec 287 autres juifs d'Anvers au Judenlager des Mazures et astreint au travail forcé au profit des entreprises Vaisset (française) et Scholzen (allemande). Il sera déporté sans retour avec son fils Samuel, 3 ans, de Malines (Belgique) à Auschwitz par le convoi XV du 24 octobre 1942. Son fils Charles Isaac avait été déporté sans retour par le convoi II. Toba Bilel est déportée sans retour avec Marcel, 11 ans, par le convoi V.

Le 1er août 1942, le père Pierre Chaillet* est assigné à résidence dans l'Ardèche par le préfet régional.

Le 26 août 1942, 1 016 Juifs de la région (dont 137 en Ardèche, 69 en Savoie et 43 en Haute-Savoie) sont arrêtés et internés au camp de Vénissieux, camp régional de la préfecture. D'autres seront arrêtés les 27 et 28 août.

Rachel Kamienker, âgée de 6 ans, est arrêtée avec sa tante Helen Kamienker et internée au camp de Vénissieux.

Gilbert Lesage*, chef du SEE (Service social des étrangers) à Vichy, arrive pour "aider" l'intendant de police à éxaminer les cas d'exemption. Grâce à lui, l'Amitié chrétienne du R.P. Pierre Chaillet* et de l'abbé Alexandre Glasberg*, Claude Gutmann des Éclaireurs israélites de France (EIF), et une équipe de l'Oeuvre de secours aux enfants (OSE), dont Joseph Weill, Charles Lederman et Lili, âgée de 21 ans, et Georges Garel sont admis au camp et vont "aider" la commission de criblage.

Ils parviendont à faire libérer du camp 108 enfants de moins de 15 ans, dont Rachel Kamienker, et quelques adutes. Ils quitteront le camp le samedi 29 août après la déportation des 545 Juifs emmenés à la gare de Saint-Priest au petit matin et envoyés à Drancy.

L'intendant de police s'est alors rendu compte que Vichy avait donné de nouvelles instructions concernant les enfants.

Il est d'abord prévu de les envoyer au camp de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales) pour les envoyer à Drancy, puis de les embarquer dans un convoi de déportés en provenance de Nice attendu le 31 août à la gare de Perrache à Lyon.

Le R.P. Pierre Chaillet* et l'abbé Alexandre Glasberg* informent alors le cardinal Gerlier*, archevêque de Lyon, du danger auquel les enfants étaient exposés. Les enfants sont alors dispersés et placés dans des institutions ecclésiastiques ou des lieux d'accueil.

Rachel Kamienker est confiée à James d'Angles et son épouse Geneviève Hilaire.

10 000 juifs, hommes, femmes et enfants, seront envoyés de zone sud au camp de Drancy, près de Paris, et déportés aussitôt vers Auschwitz.

Rachel Kamienker est envoyée avec 13 autres enfants dans une maison d'enfants ouverte au Château de Sallmard à Peyrins, dirigé par Germaine Chesneau* qui leur procure de fausses identités.

En juillet 1943, James d'Angles, contrôleur des céréales, et son épouse Geneviève née Hilaire l'accueillent dans leur petit château de Besses, à Silhac (Ardèche) où ils habitent avec leurs deux enfants, Simone, et leur fils Jacques, handicapé, ainsi que la grand-mère.

Après la guerre, Rachel Kamienker, orpheline, retrouve son nom et suit des études d'infirmière. Mariée, elle aura six enfants et de nombreux petits-enfants...

Une stèle commémorative a été posée à Vénissieux portant l'inscription suivante : "Le 29 août 1942, 545 juifs habitant les départements de la région de Lyon, arrêtés à leurs domiciles et rassemblés à Vénissieux, furent livrés aux hitlériens par le gouvernement de Vichy et déportés vers Auschwitz. Que ceux qui ont tenté de leur venir en aide et qui ont sauvé leurs enfants soient remerciés."

Une plaque inaugurée le 26 août 2012 à quelques mètres du terrain de l'ancien camp de transit de Vénissieux, rend hommage : "à toutes celles et ceux qui, à titre individuel, et au nom d'associations caritatives ont participé du 26 au 29 août 1942 au sauvetage des juifs étrangers arrêtés en Rhône-Alpes et regroupés au camp de Vénissieux".