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Nord

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(1944 - 1944) Commissaire régional de la République
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(1944 - 1944) Commissaire régional de la République
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Robert Stahl


Abbé Stahl
Dossier Yad Vashem : 651
Remise de la médaille de Juste : 17/03/1970
Sauvetage : Lille 59000 - Nord
Marcq-en-Baroeul 59700 - Nord
Bouvines 59830 - Nord
Profession: Prêtre, abbé à la paroisse de Lille
Religion : Catholique
Date de naissance: 11/08/1893 (Lille)
Date de décès: 27/03/1983 (Antibes)
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Robert-Stahl
L'abbé Robert Stahl à l'orphelinat de Bouvines en 1934
source photo : Yad Vashem
crédit photo : D.R.
Notice

Robet Stahl*, est né le 11 août 1893 à Lille.
Issu d’une famille d’industriels alsaciens venue dans le Nord après la guerre de 1870, fils de Paul, directeur des établissements Kuhlmann à La Madeleine-Marquette, il fait ses études à l’École Jeanne d’Arc, puis à la Faculté Libre de Lille.
Docteur en droit pour une thèse sur "Un an de reconstitution industrielle" en 1920, il est avocat au barreau de Lille depuis 1914.
Plaidant notamment devant le tribunal pour enfants, il devient secrétaire général de la Société de patronage des enfants moralement abandonnés de la région Nord, en 1926, sous la présidence de Maurice Wallaert, industriel, où il succède au fondateur, le bâtonnier Paul Carpentier qui devient alors vice-président.

Après trois années d'étude au grand séminaire de la rue du Dieu-de-Marcq, il devient prêtre et reçoit l’ordination des mains du cardinal Liénart le 9 juillet 1933 à Lille, à l'âge de 40 ans.
Vicaire au Sacré-Cœur à Lille il est mis "en congé" dès septembre 1934, pour s’occuper à temps plein de l’œuvre des enfants moralement abandonnés, dont il est le Secrétaire Général.
et se consacre à sa paroisse de Lille où la Société de patronage des enfants moralement abandonnés est très active à Lille et dans la région. Il est également responsable d’internats de jeunes et de foyers pour enfants.

En mai 1940, son logement lillois de la place de Tourcoing détruit, l’Abbé Stahl vint habiter à la Maison Familiale à Marcq-en-Barœul.

Le 11 septembre 1942, la police de Lille déclenche une vaste action contre les Juifs. Léo Leser, responsable du comité clandestin local d’aide aux juifs, fait appel à l’évêché de la ville pour aider à sauver les enfants en danger. Sa requête est rejetée.
Il demande alors à l'abbé Stahl* de donner asile aux enfants dans les institutions qu’il dirige. L'abbé Stahl* aura plus de courage que d'autres.
Dans sa voiture, l'abbé va chercher les enfants un par un, là où ils ont trouvé un refuge provisoire, accompagné de Léo Leser. Le prêtre conduit immédiatement vingt enfants, ainsi que Edgar Leser et son frère Charles-Henri, les fils de Léo, à la Maison du Buisson. Le lendemain il les répartit entre les trois orphelinats dont il est responsable : Notre-Dame à Loos, la Maison du Buisson à Marcq-en-Barœul et l'Orphelinat Saint-Pierre à Bouvines. Léo Leser apprit alors que le religieux a aussi recueilli une trentaine de juifs venant de l’hospice Rothschild et d’un autre orphelinat parisien.
L’abbé Stahl effectue des sous-placements, éparpillant les enfants qui n’avaient pas 14 ans dans différents orphelinats : Dohem, Bapaume, Lauwin-Planque, et plaçant les filles dans les "Bon Pasteur", ces établissement gérés par des religieuses à Marcq, ou encore à Loos.

Afin que que la présence des enfants juifs ne soit pas repérée, il fait figurer dans les registres les noms à consonance juive transformés : David Rubinstein devenait Robin DANIEL (les initiales étaient gardées). Les allemands venaient eux-mêmes vérifier les listes, en même temps qu’ils venaient faire de la propagande pour tenter d’enrôler des jeunes et de les embarquer dans la Légion des Volontaires Français (LVF), légion où les français portaient des uniformes allemands et allaient se battre contre les bolcheviques.
Lorsque des enfants juifs arrivaient, Jacques Loosfelt était chargé de les emmener au Commissariat de Marcq-en-Baroeul pour faire une déclaration de vagabondage. Le procès verbal de vagabondage motivait une prise en charge officielle, concrètement un prix de journée. Et pour distinguer ces mineurs des autres, sur leur "carnet bleu" figuraient les lettres DLC (Décret Loi de Complaisance).


Grâce au courage et à l’humanité de l’abbé Stahl*, tous ces enfants on survécus à l’occupation. Le prêtre qui risquait la déportation et l’arrestation n’accepta jamais de rétribution.

Au lendemain de la guerre, au début de l’année 1945 l’abbé Stahl* est vivement attaqué par le journal Libération. Il est accusé notamment de trafic de bons d’alimentation, au profit de son œuvre. Il est arrêté et incarcéré le 29 mars 1945.
En 1946 l’abbé Stahl* est innocenté, l’affaire aboutit à un non lieu, mais toutes ces attaques mettent un terme à sa direction de l’œuvre. Il quitte la région pour Antibes où il sera vicaire de la paroisse du Sacré-Cœur jusqu’à son décès le 27 mars 1983.

Une rue de Marcq-en-Baroeul porte le nom de l'Abbé Stahl.

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem


Histoire

Hommage à Robert Stahl*

Robert Stahl* naquit le 11 août 1893 à Lille. Son père, Paul, quoique né à Saint-Etienne, était issu d’une famille d’officiers de carrière, de lointaines origines alsaciennes. Ingénieur de formation, il dirigea les usines Kuhlmann implantées à La Madeleine et Saint-André et fut vice-président de la Chambre de Commerce. Sa mère, Caroline Kolb, bien que née à Amiens, était aussi originaire d’Alsace, mais ces aïeux étaient plutôt des industriels.

De ce double héritage familial, Robert Stahl* garda toujours un tempérament autoritaire, un grand sens du devoir et des capacités d’organisateur hors pair, dispositions qu’il mit au service de deux grandes causes : le développement de la future Société de Protection et de Réinsertion du Nord (SPReNe) et le sauvetage de dizaines d’enfants juifs de septembre 1942 à septembre 1944.

Après des études à la Faculté Libre de Lille et la Grande Guerre, durant laquelle il combattit au sein du 87e régiment d’infanterie, Robert Stahl* devint docteur en droit et avocat au barreau de Lille. C’est à ce titre qu’il plaidait tous les jeudis, devant le tribunal, pour la défense d’enfants délinquants.

Ancien président de la Jeunesse catholique de Lille, Maître Robert Stahl* finit par convaincre son père du bienfondé de sa vocation religieuse. Entré au Grand Séminaire de sa ville natale en 1930, ordonné prêtre le 9 juillet 1933 par le cardinal Liénart, il fut nommé au vicariat du Sacré-Cœur de Lille. Mais dès septembre 1934, l’Abbé Robert Stahl* obtint l’autorisation de consacrer tout son temps et son énergie à la défense des jeunes déshérités.

L'avocat et le prêtre au service des enfants

C’est le 25 octobre 1920, que Maître Robert Stahl* avait été nommé secrétaire général de la Société de Patronage des Enfants moralement abandonnés et des Libérés de la Région du Nord, fondée en 1895.

Après avoir hébergé des jeunes à son domicile de la place de Tourcoing à Lille, il avait mis rapidement en place un refuge pour une vingtaine d’adolescents dans une maison louée, rue du Long-Pot. Mais le nombre d’enfants confiés par les tribunaux à la Société de Patronage dépassait de beaucoup les capacités d’accueil de Fives.

Aussi, Maître Robert Stahl* avait mis toute son énergie à faire bâtir une Maison Familiale, inaugurée le 11 janvier 1924 dans le quartier du Buisson à Marcq-en-Barœul, grâce à la générosité des administrateurs (juges, avocats, médecins, industriels...) et de la Croix Rouge américaine. A l’actif de Maître Robert Stahl*, on peut ajouter la reconnaissance comme établissement d’utilité publique de l’association en juillet 1923, la création d’un service de Liberté Surveillée fin 1928, la mise en place d’un véritable réseau dans la Métropole lilloise avec l’envoi des filles à Lambersart et des garçons de moins de 13 ans à Bouvines, à partir des années 1931-1933. 1 500 enfants étaient ainsi pris en charge.

En octobre 1938, c’est le cardinal Liénart en personne qui vint inaugurer une nouvelle extension des bâtiments de la Maison Familiale de Marcq-en-Barœul. Quant au siège actuel de la SPReNe, il s’agit d’une adjonction de 1928.

En mai 1940, son logement lillois de la place de Tourcoing détruit, l’Abbé Robert Stahl* vint habiter à la Maison Familiale à Marcq-en-Barœul. Du fait de la guerre et de l’invasion, déjà confronté à un afflux d’orphelins, il allait bientôt entrer dans l’Histoire avec un courage et une abnégation admirables.

Le 11 septembre 1942, les Allemands procédèrent à la grande rafle des juifs de Belgique et de la région du Nord – Pas-de-Calais. A la veille de Rosh Hashana, les « étrangers » ou « apatrides », mais aussi les naturalisés les plus récents, furent arrêtés à leur domicile pour être déportés à Malines, le « Drancy belge », puis exterminés à Auschwitz.

A Lille, certaines familles juives comme celle de Léon Leser, échappèrent aux arrestations. Se sentant en grand danger depuis les rafles de l’été à Paris, quelques-unes avaient déjà changé de domicile. D’autres furent prévenues par des policiers chargés de seconder les Allemands dans leur sinistre tâche. Quelques- unes arrivèrent à fuir. Plusieurs enfants furent aussi soustraits de la déportation, leurs parents les confiant en cachette à des cheminots en gare de Fives, dans des circonstances qu’on imagine déchirantes. A la tête d’un comité clandestin de secours, Léon Leser se tourna vers l’Abbé Robert Stahl*. Ce dernier, lorsqu’il apprit la situation d’une quarantaine d’enfants juifs, n’hésita pas une seconde. Avec sa Peugeot 202, il partit chercher ceux-ci, disséminés à droite et à gauche, notamment chez le pasteur Nick, autre grand héros de ces heures sombres.

Pour minimiser les risques qui pesaient sur ces jeunes juifs, l’Abbé Robert Stahl* les dispersa par petits groupes, selon le sexe et l’âge, dans les établissements de Marcq-en-Barœul, Bouvines et Loos, mais aussi individuellement dans des familles d’accueil à la campagne. Léon Leser apprit, de l’abbé même, qu’il avait déjà ainsi caché une trentaine d’enfants de l’Institut Rothschild et d’un orphelinat parisien... Pour pouvoir subvenir aux besoins de ces jeunes juifs et leur éviter une mort certaine, l’Abbé Robert Stahl* multiplia les stratagèmes, seule une poignée de personnes étant dans la confidence. L’identité des enfants était changée lorsque les noms et prénoms les désignaient comme israélites, avec un système de registres en double. A leur arrivée, les enfants étaient enregistrés au commissariat de Marcq- en-Barœul comme « vagabonds » ; usant de ses bonnes relations avec le substitut, l’Abbé Robert Stahl* n’hésitait pas à maintenir sur ses listes des non-juifs déjà partis, tout ceci afin de toucher un prix de journée pour les jeunes ainsi cachés. Pour que nul ne sache leur véritable religion, ces derniers étaient mêlés aux autres, menant la même vie rude, devant aussi assister à la messe chaque matin. Mais l’Abbé Robert Stahl* n’incita jamais ses protégés à la conversion.
En mai 1945, ce dernier connut pourtant la prison, à la suite d’une campagne calomnieuse, pour marché noir - en fait ses irrégularités commises pour sauver ces dizaines de jeunes juifs - et mauvais traitements à enfants. Assez vite libéré, il dut cependant quitter la direction de la Société de Patronage et fut envoyé comme vicaire à Antibes, où il mourut le 27 mars 1983.

Le 25 août 1970, au cours d’une cérémonie au mémorial de Yad Vashem à Jérusalem, il avait reçu l’hommage de l’Etat d’Israël comme « Juste parmi les Nations ». A Marcq-en-Barœul, depuis le 19 décembre 1996, une rue porte son nom.

Sources :

  • Exposition « S.P.R.N. 1895-1995. Cent ans avec les jeunes en difficulté » des Archives municipales de Marcq-en-Barœul
  • « La S.P.R.N : fondée en 1895... » de Nathalie Mathis 
  • Sites internet de Yad Vashem et de l’AJPN 
  • Tsafon, revue d’études juives du Nord n° 9-10 : « 1942 l’année tragique des juifs du Nord » de D. et J.-M. Delmaire

22/11/2022
Lien : Marcq-en-Barœul

[Compléter l'article]
Réseau de sauvetage
Léon Leser
Henri Nick (Pasteur Nick)
 
Familles hébergées, cachées, aidées ou sauvées par Robert Stahl
Samuel Blank
Maurice Blank
Rosa Blank
Sarah Bugajski (dite Suzanne)
Edgard Leser
Charles-Henri Leser
Léon Leser

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Les persécutions des Juifs victimes de la Solution Finale à Berck sur Mer pendant la 2de Guerre mondiale , Mémoire ou thèse 60 pages, réalisation 2014
Auteur : Cyril Brossard - terminal
Étude réalisée à la suite d'un voyage d'études à Auschwitz-Birkenau et suite à une demande d'élèves de Terminales ES du lycée Jan Lavezzari. Etude qui sert aussi à la préparation au CNRD 2014-2015 dont le thème est la découverte des camps de concentration, le retour des déportés et la découverte du système concentrationnaire nazi.
Histoire des Communautés Juives du Nord et de Picardie , Mémoire ou thèse 148 pages, réalisation 2009
Auteurs : Frédéric Viey, Franck d'Almeyda - terminal
Cette Histoire des Juifs du Nord et de Picardie relate le quotidien des Juifs dans le Nord de la France à partir du Moyen-Âge jusqu'à nos jours. Durant la Seconde Guerre Mondiale, les Communautés Juives de ces régions ont payé un lourd tribu en perte humaine : la déportation et l'exécution après être passé par le Camp des Malines. Aujourd'hui dans toutes les Communautés un monument rappelle les sacrifices faits par le Peuple Juifs. Après la Seconde Guerre Mondiale, la population juive de France est exsangue. Les survivants vont essayer de faire revivre leur patrimoine religieux et culturel.


Liens externes [Ajouter un lien vers un article d'intérêt ou un site internet]
1 la Famille Angel (Histoire tragique d'une famille qui a tenté d'échapper à son destin en se sauvant de Lille, vers la Loire Atlantique )
2 François Molet (François Molet, né à Beaurevoir le 14 mars 1905 est fusillé le 7 avril 1942 au Mont-Valérien. )
3 "Lettre à Esther" et "Enfances volées" ("Lettre à Esther" : vidéo (20mn) réalisée dans le cadre d'un projet scolaire sur l'histoire de la famille Angel, réfugie à St-Michel-Chef-Chef, arrêtée en juillet 1942, déportée à Auschwitz
"Enfances volées" : vidéo (10mn) sur Rachel Angel et Victor Pérahia, arrêtés en juillet 1942 )
4 René Wallard (Page facebook du livre qui est en préparation sur son histoire.
Titre du livre "Dis leur de ne jamais pardonner". )

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