Alphée Bonnaud*, fils d'agriculteurs, était entré dans la gendarmerie en 1926. Après une première affectation à la brigade à pied de La Bourboule (Puy-de-Dôme), il fut nommé commandant de brigade à
Chauvigny le 1er novembre 1938. La brigade se trouvait rue Faideau.
A la déclaration de la guerre, en septembre
1939, la communauté juive de
Bouzonville (Moselle), située à la frontière allemande, fut évacuée vers
Chauvigny (Vienne).
Les soixante quinze réfugiés Juifs allèrent s’inscrire à la mairie et la mention "juif" fut apposée sur leur carte d’identité. Ils furent accueillis chaleureusement, trouvèrent du travail et un local mis à leur disposition pour servir de synagogue grâce à la demande de
Madame Léon Salomon.
Un commissaire de police et un sous-préfet réclame sa révocation. Il est envoyé à Saint-Aignan (Loir-et-Cher) où il poursuit ses actions entre janvier 1942 et septembre 1942, régularisant la situation d'une centaine de prisonniers évadés, acheminé du courrier de toute nature à travers la ligne de démarcation ou a prévenu les habitants frontaliers des risques d'arrestation. Le 14 juillet 1942, il parvient à faire éviter l'arrestation des dirigeants du mouvement de résistance de Saint-Aignan qui étaient en contact avec l'Angleterre.
Il revient ensuite à
Chauvigny en septembre 1942, en qualité de commandant du peloton mobile, tout en restant en liaison avec la résistance du Sud Vienne.
A la fin 1940, après l'armistice, les Lorrains purent rentrer à
Bouzonville, à l'exception de ceux d'origine juive qui restèrent à
Chauvigny.
Le rabbin
Élie Bloch sollicite le prêt d'une salle de classe de l'école communale auprès de l'inspecteur d'académie. Ce dernier la lui accorde, persuadé que le rabbin a l'intention d'y pratiquer l'enseignement religieux. Lorsqu'il découvre que la classe est destinée à la célébration des offices religieux, il retire son accord.
Jacques Toulat* leur accordera l’ancienne gare des voyageurs du tramway de Châtellerault à Bouresse (quai des Maquis) où le culte y sera officié par
Monsieur Kroll.
Les réfugiés mosellans qui ne pouvaient pas travailler percevaient une allocation de réfugié qui leur permettait de subsister.
Jusqu’en 1943, la persécution des Israélites ne s’est pas fait sentir à
Chauvigny qui se trouvait en zone libre. Même lorsque les Allemands occupèrent toute la France, cette zone connut un régime moins dur que la zone occupée : l’obligation de porter l’étoile jaune n’y fut pas appliquée.
Les juifs ne furent pas inquiétées jusqu’en mai
1944.
Lorsque les troupes allemandes arrivèrent à
Chauvigny, les autorités municipales et la gendarmerie reçurent l’ordre de rassembler tous les Juifs, en vue de leur déportation.
Le maire,
Jacques Toulat* détruisit les registres de la mairie, et ensemble avec son épouse Simone Toulat et le commandant de la gendarmerie,
Alphée Bonnaud* ils conjuguèrent leurs efforts pour sauver les juifs de
Chauvigny.
Les Juifs quittèrent la ville, échappant ainsi à l’arrestation et à une mort probable.
En effet, et quand les miliciens arrivent, ils ne peuvent procéder aux interpellations.