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Maurice Winnykamen



 
Paris 75000 - Paris
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Histoire

Biograhie de Maurice Winnykamen

1933 : Naissance

1936 : En nourrice à Choisel, dans la vallée de Chevreuse. Ma mère, arrivée en France à 13 ans sans connaître le moindre mot de français, poursuit ses études à Paris. Elle deviendra Clerc d’Avoué, tout en élevant son frère et en s’occupant de mon grand-père car ma grandmère est décédée. Mon père, bachelier, a choisi d’aider son père, un révolutionnaire Juif polonais condamné à mort par les tribunaux du tzar, qui travaille la nuit et milite le jour et qui, évidemment, ne s’en sort pas. Mes parents me rendent visite chaque semaine ou presque, vive les congés payés.

1939 : Ma nourrice me traîne sur les routes de l’exode entre Chevreuse et Limoge. Nous croisons les soldats français qui vont se battre. Puis qui ne se battent plus et qui nous rattrapent, bandés, aveugles, estropiés. Mes premiers blessés. C’est sûrement eux que les avions allemands mitraillent, que les bombes visent. Les morts sont civils. Mes premiers morts. Il y a aussi des chevaux, des bovins et d’autres animaux. A Limoge, demi-tour, nous rentrons à Choisel.

1940 : Ma mère m’emmène à Lyon où se cache mon père, blessé et évadé d’un train en partance pour l’Allemagne. Lui et ma mère se cacheront ensuite parce que Juifs et Résistants. Mon père dans la MOI (main d’oeuvre immigrée, voir l’affiche rouge) et ma mère au MNCR (mouvement contre le racisme créé en 1941 en réaction au statut des Juifs par des résistants pour la plupart communistes et juifs).

1941 : Le premier statut des Juifs qui sera renforcé en 1942. Ma mère me conduit au Montcel, chez les Pegaz, une famille d’accueil qui demeure, aujourd’hui, ma seconde famille. J’y resterai jusqu’en 1945, sauf un court laps de temps quand il fallut me soustraire à l’insistance du curé qui, voulant me conduire chez l’évêque, réclamait mon acte de baptême (j’étais son enfant de choeur préféré car j’avais appris, sans toutefois comprendre tout, les répons en latin). Je fus vite ramené au Montcel, mon curé étant jugé moins inquiétant que la gestapo et la milice qui recherchaient mes parents. J’y vécu l’enfance heureuse d’un petit Savoyard.

1945 : Retour à Paris. Je refuse l’école car mon ami et concurrent pour la place de premier de la classe a été arrêté par les nazis. Nous avions 10 et 11 ans. Peut-être que ces nazis-là étaient Français. Ils faisaient partie de la suite d’Aloïs Brunner, le commandant maudit du camp de Drancy quand il vint diriger en personne la chasse aux Juifs et, subséquemment, aux résistants, à Nice et en Savoie.
En 1950, je passe dans la vie active. À 17 ans, je veux poursuivre le combat qu’ont mené les Résistants et je pense que c’est parmi la classe ouvrière, que l’on doit peser sur les rênes du pouvoir. Je suis membre des jeunesses communistes, dirigeant d’un club de la FSGT et militant du M.R.A.P et syndicaliste. Mon syndicat me suggère de suivre les cours de l’Université Nouvelle où les travailleurs peuvent poursuivre des études avec des professeurs hors du commun : Guy Besse, Hervé, Garaudy. J’accepte.

1968 : Horreur, les évènements de mai démontrent que la contradiction capital/travail existe aussi dans les entreprises du Parti communiste français. Mon syndicat refusant d’intervenir là comme il intervient ailleurs, je prends l’initiative d’accompagner les communistes salariés dans le débat qui les oppose aux communistes patrons. Nous obtiendrons les mêmes avantages que dans le privé.
En 1969, je suis délégué à la conférence des salariés du commerce de la Fédération syndicale mondiale, à Bucarest. Bien des choses à dire. Puis, je représente les cadres du Commerce lors des discussions sur l’avenant cadre de la formation permanente. Puis je participe, sous la direction d’Henri Krasucki et Livio Mascarello, à la commission de la CGT qui, avec la CGIL, revendique son entrée au sein de la commission des affaires sociales (dont elles ont été exclues ; mais il est vrai qu’à sa création elles avaient crié haut et fort que cette commission n’était qu’un instrument supplémentaire imaginé par les patrons pour mieux exploité les salariés et que, donc, elles n’avaient rien à y faire). Les négociations menées par Raymond Barre aboutissent.

1970 : Mon entreprise me licencie pour raison syndicale. Je suis avec succès les cours de l’Institut National du Marketing, équivalent d’un 3e niveau universitaire.
En 1971, j’intègre les entreprises du Parti communiste français : La SOGIR, la SIMAG, des entreprises informatiques. Nous sommes les créateurs des syndicats intercommunaux pour l’informatique.
En 1973, je suis chargé de créer une entreprise de bureautique (le terme n’existe pas et nous le créons lors du premier « congrès de la bureautique » à Grenoble). Ce sera la CEMAB. Cette entreprise deviendra très rapidement l’une des plus importantes sur le marché, avec l’introduction en France du traitement de texte, du copieur à papier ordinaire et de la télécopie. Sa clientèle est en grande partie composée de Mairies et de Comités d’entreprises. Nous leur apportons une aide quant au choix des matériels pour répondre aux besoins, et à la maintenance.
En 1975, tout en conservant la direction de la CEMAB, je deviens le directeur de marketing du groupe GIFCO qui fédère une dizaine d’entreprises du Parti communiste français : Socopap, Socopap équipement, Soparéco, AGPP, CEMAB, concernant les biens d’équipements et fournitures à Villejuif et d’autres concernant le bâtiment à Paris.
En 1978, je quitte le Parti communiste français et, bien entendu, mes responsabilités, car ses dirigeants, Marchais en tête mais les autres suivront la même voie et
l’on voit où cela les a mené le Parti, crieront à tue-tête que ces entreprises n’existent pas. Il eut été tellement plus juste, plus motivant, plus sain de montrer ce qu’elles avaient apporté : aux anciens élu, du travail ; au parti, les moyens de sa politique ; aux peuples en lutte pour leur liberté, y compris l’Espagne de Franco et le Viêt-Nam, une aide constructive. Je quitte donc le Parti communiste français et m’emploie à gérer une association de réinsertion d’enfants handicapés ou mal dans leur peau, voire ressortissant du ministère de la justice, par le sport.

2000 : Je prends ma retraite à Nice. Je suis membre de l’association des Amis de la démocratie. J’entre au Musée de la Résistance dont je suis aujourd’hui le trésorier.
Je crée en 2003 L’AMEJDAM (association pour la mémoire des enfants juifs déportés des Alpes-Maritimes) qui pose aujourd’hui des plaques dans les écoles.
En 2001, l’image de Le Pen au second tour de la présidentielle me pousse à adhérer au Parti Socialiste.
Au plan associatif, j’initie et préside en 2006 l’antenne Alpes-Maritimes du Mouvement La Paix Maintenant qui prône l’amitié entre les peuples israéliens et palestiniens, le droit à l’existence pour chacun d’eux de vivre dans un pays aux frontières sécurisées, qui rejette l’importation sur notre territoire d’une guerre qui n’est pas la nôtre et qui se bat contre le racisme.

Et puis j’écris. Sont publiés : Hommage ou le récit d’un enfant caché, Quel avenir pour le syndicalisme. Grandeur et misère de l’antiracisme ou le M.R.A.P. est-il dépassé.

Quelle vie !

25/03/2010
Lien : Biographie

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Titre

Enfant caché. Hommage et malentendu

Enfant caché. Hommage et malentendu

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Auteur   Maurice Winnykamen  
Édition   Edilivre  
Année   2010  
Genre   témoignage  
Description   Évadé d'un train de prisonniers roulant vers l'Allemagne, le père de Maurice deviendra un juif dans la Résistance française, où il sera responsable de l'Union des juifs pour la Résistance et l'Entraide à Lyon.
Sa mère participera à la création du Mouvement National Contre le Racisme, créé par des Résistants.
Elle y aura notamment pour tâche de cacher les enfants juifs.
A huit ans à peine, Maurice est confié à la famille Pegaz* en Savoie.
Caché et intégré, Maurice y mène la vie de tous les petits savoyards, alternant école et travaux de la ferme.
Heureux dans cette famille qui le protège, Maurice ne sait pas qu'il est juif, il ne sait pas ce qu'est un juif.
Les évènements devront pourtant lui apprendre ce qu'on leur réserve en France, sous l'occupation allemande...

"Je me prénomme Maurice, Boris ou Marcel. Boris dans ma mémoire, Maurice à la ville et Marcel à Le Montcel. Mon nom : Winnykamen ou Winny ou Pegaz ou Bronzin ou... Je change si souvent..."

Maurice Winnykamen est né à Paris en 1933, de parents immigrés. Enfant balloté dès le plus jeune âge entre sa famille biologique et des familles d'accueil, il ne fera vraiment connaissance de son père et de sa mère qu’à la Libération. Il a alors 13 ans. Dès l'âge de 15 ans il devient militant antiraciste. Initiateur de l'Association pour la Mémoire des enfants Juifs déportés des Alpes maritimes, il est aujourd'hui également membre de l'Association pour l'Amitié judéo-musulmane et président de l'antenne Alpes maritimes du Mouvement pour La Paix qui agit contre l'importation du conflit israélo-palestinien en France et pour que s'instaure un dialogue entre Israël et le futur Etat palestinien. Durant une quinzaine d'années, il crée et dirige une association d'éducation populaire pour la réinsertion d'enfants malades ou handicapés par le sport. Trois de ses livres ont été publiés : Hommage publié 2001 aux éditions La Société des Écrivains, Quel avenir pour le syndicalisme publié en 2004 aux éditions Page après Page et Grandeur et misère de l'Antiracisme, le MRAP est-il dépassé ? publié en 2007 aux éditions Tribord.
 

Titre

Hommage. Récit d'un enfant caché

Hommage. Récit d'un enfant caché

ACHETER EN LIGNE

Auteur   Maurice Winnykamen  
Édition   Éditions des Écrivains  
Année   2001  
Genre   témoignage  
Description   Boris se souvient. Sa vie en dépendait. Il avait huit ans. En ce temps-là, il s'appelait "Marcel". Il était Montcellois. Un petit Savoyard entre Aix-les-Bains et le Revard. Il avait une nouvelle famille - les Pegaz* - et des amis de son âge - Albert et Berthe - qui, comme lui, vivaient cachés. Il y avait, aussi, un instituteur, une institutrice, un curé et la pauvre vieille Céline. Il était heureux. Pourtant, en bas, dans la ville que sa mère et son père, Résistants, lui avaient fait quitter, c'était l'enfer de la "zone libre" avec son "Statut des Juifs". Et tout alentour, il y avait le maquis. Un petit matin, des hommes vêtus de noir et la tête couverte d'un chapeau à large bord, entraînèrent Albert et sa famille d'accueil dans leurs autos, portant sur l'aile, un fanion marqué de la croix gammée. Albert est parti vers un lieu dont on ne revient pas.
Depuis, Marcel, redevenu Boris après la libération, se sent coupable : "Lui et moi étions des enfants cachés. Nous avions le même âge. Moi, je ne me savais pas Juif, je voulais devenir curé, c'est lui qui m'a appris que nous étions Juifs tous les deux."
Et vient la question qui me taraude : "Pourquoi lui et pas moi, de quoi suis-je fautif ?"

"Le Montcel, c'est le village des Pegaz*. Il est, dorénavant, le sien, également. Son nouveau nom, c'est Pegaz. "Marcel Pegaz". Quel crime ai-je commis, pour vivre hors la loi entre huit et douze ans ? Mon crime a été de naître Juif. Moi-même je l'ignorais mais les bourreaux, eux, le savaient depuis toujours (...).
 

Liens externes [Ajouter un lien vers un article d'intérêt ou un site internet]
1 Notre Dame de Sion : les Justes (La première religieuse de Sion à recevoir ce titre en 1989 est Denise Paulin-Aguadich (Soeur Joséphine), qui, à l’époque de la guerre, était ancelle (en religion, fille qui voue sa vie au service de Dieu). Depuis, six autres sœurs de la congrégation, ainsi qu’un religieux de Notre-Dame de Sion ont reçu la même marque de reconnaissance à titre posthume. Ils ont agi à Grenoble, Paris, Anvers, Rome. L’action de ces religieuses et religieux qui ont sauvé des Juifs pendant la deuxième guerre mondiale mérite de ne pas être oubliée. Et il y en a d’autres, qui, même s’ils n’ont pas (encore ?) reçu de reconnaissance officielle, ont œuvré dans le même sens, chacun à leur place. )
2 L'histoire des Van Cleef et Arpels (Blog de Jean-Jacques Richard, très documenté. )
3 Résistance à la Mosquée de Paris : histoire ou fiction ? de Michel Renard (Le film Les hommes libres d'Ismël Ferroukhi (septembre 2011) est sympathique mais entretient des rapports assez lointains avec la vérité historique. Il est exact que le chanteur Selim (Simon) Halali fut sauvé par la délivrance de papiers attestant faussement de sa musulmanité. D'autres juifs furent probablement protégés par des membres de la Mosquée dans des conditions identiques.
Mais prétendre que la Mosquée de Paris a abrité et, plus encore, organisé un réseau de résistance pour sauver des juifs, ne repose sur aucun témoignage recueilli ni sur aucune archive réelle. Cela relève de l'imaginaire. )
4 La Mosquée de Paris a-t-elle sauvé des juifs entre 1940 et 1944 ? une enquête généreuse mais sans résultat de Michel Renard (Le journaliste au Figaro littéraire, Mohammed Aïssaoui, né en 1947, vient de publier un livre intitulé L’Étoile jaune et le Croissant (Gallimard, septembre 2012). Son point de départ est un étonnement : pourquoi parmi les 23 000 «justes parmi les nations» gravés sur le mémorial Yad Vashem, à Jérusalem, ne figure-t-il aucun nom arabe ou musulman ? )
5 Paroles et Mémoires des quartiers populaires. (Jacob Szmulewicz et son ami Étienne Raczymow ont répondu à des interviews pour la réalisation du film "Les garçons Ramponeau" de Patrice Spadoni, ou ils racontent leur vie et en particulier leurs actions en tant que résistants. On peut le retrouver sur le site Paroles et Mémoires des quartiers populaires. http://www.paroles-et-memoires.org/jan08/memoires.htm. (Auteur : Sylvia, Source : Canal Marches) )
6 Les grands entretiens : Simon Liwerant (Témoignage de Simon Liwerant est né en 1928. Son père Aron Liwerant, ouvrier maroquinier né à Varsovie, et sa mère Sara née Redler, seront arrêtés et déportés sans retour. )




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